LA FORCE DES SAINTSAl. à l'occasion de la béatification de Maria Goretti, 28 avril 1947.
[Les joies apportées par la béatification. — Vie de la Bienheureuse.]Ils se trompent lourdement ceux qui regardent la virginité comme un
fruit de l'ignorance ou de la naïveté des âmes chétives, sans passion,
sans ardeur, sans expérience, et ne lui accordent qu'un sourire de
pitié ! Comment pourrait-il, celui qui s'est rendu sans combat,
imaginer quelle force est requise pour dominer, durant de longues
années, durant toute la vie, sans un instant de faiblesse, les secrets
mouvements et les troubles des sens et du cœur, qui, depuis la faute
originelle, fermentent en la nature humaine dès l'adolescence ? Quelle
force pour résister, sans céder une seule fois, aux mille petites
curiosités de la vue, de l'ouïe, du goût, du toucher, qui invitent à
approcher les lèvres du calice enivrant et à respirer le parfum
capiteux qui émane des fleurs du mal ? Quelle force enfin, pour passer
au travers des turpitudes du monde, avec une force d'âme supérieure à
toutes les tentations, à toutes les menaces, à tous les regards
séducteurs ou moqueurs?
[Les saints. — Les jeunes filles vraiment chrétiennes]Elles sont, sans doute, nombreuses; elles le seraient pourtant
encore plus, s'il y avait chez les parents plus de bonté vigilante et
affectueuse, chez les enfants une docilité plus confiante.Sans parler
des catastrophes qui précipitent tant de malheureux au fond de l'abîme,
des drames qui se dénouent par une mort sans espérance, des glissements
progressifs qui vont jusqu'à l'humainement irréparable, que"
d'égarements, de compromis, de capitulations! Vertige d'un instant que
l'étourderie fera d'abord oublier, mais dont l'humiliant souvenir
émergera plus tard, comme les bulles d'air à la surface d'une eau
stagnante, avec de poignants remords, dont l'amertume, même après le
repentir et le pardon, ne s'adoucit jamais totalement ici-bas.
En face de ces lamentables faiblesses, de ces misérables chutes,
admirez la force des cœurs purs! C'est une force mystérieuse, une force
qui dépasse les limites de la nature et même, souvent, de la vertu
chrétienne commune; c'est la force de l'amour pour l'Epoux divin qui
rejette quiconque oserait tenter sa fidélité, menacer la pureté de ses
sentiments.
[Amour généreux de Maria Goretti. — Son martyre]Cinquante ans ne sont pas encore écoulés depuis la mort émouvante
de Maria Goretti, non moins remplis de transformations radicales dans
la vie de la jeune fille et de la femme, que de troubles et de
révolutions. Nous avons déjà montré amplement en d'autres occasions,
comment, au cours de ce demi-siècle, le monde féminin est sorti de la
réserve et de la vie recluse — caractéristiques de la période
antérieure — pour se lancer dans tous les domaines de la vie publique,
jusqu'au service militaire lui-même. Cette évolution s'est accomplie,
Nous pouvons l'affirmer, avec une incroyable célérité.
Si l'on ne veut pas que d'aussi rapides et profonds changements
aient, dans la vie religieuse et les mœurs de la femme, les plus graves
répercussions, il faut avant tout raffermir parallèlement en elle les
valeurs intérieures et surnaturelles qui resplendissent justement en la
nouvelle Bienheureuse : esprit de foi et de modestie, celle-ci non pas
seulement comme un instinct de pudeur turelle et spontanée, mais bien
comme une vertu hrétienne consciemment et systématiquement cultivée. D
olus tous ceux qui ont à cœur le bien de la société humaine et le salut
temporel et éternel de la femme, doivent exiger résolument que la
moralité publique se charge de protéger l'honneur de cette dernière.
Qu'en est-il en réalité? Serions-Nous dans l'erreur, en disant que
jamais aucune époque de l'histoire n'a peut-être, à ce point de vue,
autant manqué que la nôtre à ses devoirs envers la femme ?
[Malheur au monde à cause des scandales. — Espoir en la force de la grâce.] http://www.phpbbserver.com/micael/viewtopic.php?t=2707&mforum=micael