Tradition Catholique (Sede Vacante)
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 Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyJeu 24 Fév - 14:41

CHAPITRE XXVIII

La Religion

ou LA VIE SPIRITUELLE (1)



1 et 2. La religion vraie ou la vie spirituelle, c'est, comme le dit saint Jacques (ch. 1, v. 27), « avoir soin des orphelins et des veuves dans leur détresse, et se garder pur (de la corruption) de ce monde ». Il se préserve du monde, celui qui renonce tout à fait à la manière d'agir des mondains, et qui évite, de tout son pouvoir, les péchés de la chair et de l'esprit.

3. Ce qui doit nous conduire à la vraie vie spirituelle, c'est son utilité, affirmée dans l'Écriture : « C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien » (Jean, ch. 6, v. 63). « Ceux qui vivent dans la chair ne sauraient plaire à Dieu » (Rom., ch. 8, v. 8 ).

Celui qui veut vivre de la vie de l'esprit doit fuir et haïr les aises et commodités de son corps, avoir de l'horreur pour les désirs de la chair « qui fait la guerre à l'âme » (Ire lettre de saint Pierre, ch. 2, v. 11), et rechercher, pour son corps, ce qui lui est incommode et pénible. Ces mesures de rigueur conservent la grâce, comme les haies d'épines protègent les fleurs des jardins. La grâce s'échappe par les sens, elle se perd par les mauvais regards, par les mauvaises paroles dites ou entendues. L'eau et le feu ne vont pas ensemble, dit saint Bernard, de même les plaisirs de la chair et les joies de l'esprit (2).

Pour vivre de la vie spirituelle, on doit également reconnaître que l'on est incapable d'aucun bien par soi-même : « Nous ne pouvons pas, par nous-mêmes, concevoir quelque chose comme venant de nous, mais notre aptitude vient de Dieu » (IIe lett. aux Cor., ch. 3, v. 5), et cela enlève la présomption ; mais aussi que l'on peut tout, par le Christ, et plus grandement que par soi-même et plus parfaitement : « Je puis tout, affirme l'apôtre saint Paul, en celui qui me fortifie » (Philipp., ch. 4, v. 13) ; il n'y a donc pas de place non plus pour le désespoir. Or, à ceux qui vivent de la vie spirituelle, le désespoir et la présomption sont très nuisibles et ils ont souvent à s'en défendre.

Il leur faut de même se tenir devant Dieu avec le sentiment de leur indignité, et savoir qu'ils peuvent être bien plus misérables encore et que, sans doute, ils l'auraient été, si Dieu n'y avait pourvu ; et voilà l'orgueil banni.

Ils se rappelleront également que Dieu demandera compte de tout le mal commis et de tout le bien qu'ils n'auront pas fait, et des grâces qu'ils auront négligées pour eux-mêmes et pour tous leurs frères ; cette pensée inspire une crainte salutaire.

Enfin ils doivent accepter tout bien comme venant de Dieu – ce qui exclut le faux amour et introduit la gratitude –, et recevoir tout mal, comme permis par Dieu dans sa bonté, pour notre avantage, – ce qui apporte la patience. Plus on avance en ces sentiments, plus aussi on fait de progrès dans la vie spirituelle et plus on y grandit et on s'y affermit.

4. Vous avez une preuve de la vraie vie spirituelle, si votre âme est tout à fait maîtresse de son corps (3), si vous ressentez aussi vite ce qui est gênant pour votre âme que ce qui est pénible à votre corps, si vous évitez de la même manière ce qui peut blesser l'un et l'autre : endroits, moments ou personnes, avec le souci de guérir votre âme aussi rapidement que de soigner votre corps, et même plus, et d'autant plus que l'âme l'emporte sur le corps en dignité.

Vous prouvez aussi que vous vivez spirituellement, si vous prenez plaisir à la nourriture spirituelle comme aux aliments matériels, si, en tout temps, vous ne négligez qu'à contrecœur celle-là comme ceux-ci ; si vous la prenez d'une manière aussi réglée, et si vous vous forcez à manger spirituellement, lorsque vous n'en avez pas le désir, comme on force un malade à prendre sa nourriture lorsqu'il en est dégoûté.

Être aussi attentif à son âme qu'à son corps, et aussi disposé à obéir en tout à son confesseur pour le salut de son âme qu'au médecin pour sa santé, c'est encore une preuve de la vie spirituelle. De même, se soucier d'acquérir la grâce (spéciale) nécessaire dans le malheur et dans la prospérité, à l'égard de ses amis ou avec ses ennemis, et celle dont on a besoin lorsqu'on est loué ou blâmé, ou si l'on se trouve seul devant Dieu ou parmi les hommes : on se soucie bien de la nourriture, du gras ou du maigre, et des vêtements d'hiver ou d'été ! Enfin, une autre marque de la vie spirituelle, c'est de s'appliquer à acquérir, à accroître, à conserver et à dépenser utilement les dons de la grâce, autant que l'homme du monde le fait pour les biens temporels ; et il faut même être plus soucieux de son âme, puisque l'esprit est, de beaucoup, supérieur au corps. Voici, à ce sujet, les paroles de l'apôtre saint Paul : « Ceux qui vivent selon la chair s'affectionnent aux choses de la chair, mais ceux qui vivent selon l'esprit aiment et goûtent les choses de l'esprit » (Rom., ch. 8, v. 5).

5. Vivre selon la loi de la chair, c'est une marque de la vie charnelle. « Il vit selon la chair, celui qui vit conformément à ses caprices : ainsi, il va où il veut, il dort quand il veut et aussi longtemps qu'il le désire, il parle où il veut, à qui il veut, et il dit ce qu'il veut, il mange et il boit autant qu'il veut et lorsque cela lui plaît, il rit et mène joyeuse vie avec qui il veut ; enfin, il cherche tous les parfums suaves, il fait, avec recherche, tout ce qui flatte ses sens, tout ce qui est agréable à son corps, quand il veut et comme il le veut, parce qu'il veut pour son corps tout ce qui est permis ou défendu. Il aime les beaux vêtements, le cheval, les armes, comme il veut et quand il veut. Évidemment, ce n'est pas selon Dieu, mais c'est dans la chair qu'il vit et se réjouit, et tous ses désirs, quand il veut et comme il veut, il les accomplit » (S. Augustin) (4)

Autre preuve de la vie selon la chair : la licence des paroles qui a pour conséquence la dissipation du cœur : « Si quelqu'un, dit saint Jacques, s'imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue, il se trompe lui-même, et sa religion est vaine » (ch. 1, v. 26). Aussi est-il écrit : « Garder sa bouche et sa langue, c'est préserver son âme des angoisses » (Prov., ch. 21, v. 23), et « la mort et la vie sont au pouvoir de la langue » (ch. 18, v. 21).


(1) Afin d'éviter toute éprise, j'ajoute ce sous-titre. L'auteur a eu, d'ailleurs, la précaution de le mettre dès le début du premier paragraphe. Heureusement, car il ne parle pas du tout de la religion, au sens où on l'entend communément. Il s'agit, pour lui, de la vie de l'esprit, par opposition à la vie de la chair ; et non de la vertu spéciale de religion ; celle-ci nous fait rendre à Dieu ce que nous lui devons, elle nous consacre à son service, et, d'une manière générale, commande tout ce qui concerne le culte divin : dévotion, prière, adoration, sacrifice, etc.

(2) L'auteur cite encore, de mémoire, une phrase de saint Bernard : « De même que le feu et l'eau ne peuvent pas se trouver ensemble, ainsi les délices de l'esprit et les voluptés de la chair sont incompatibles dans la même personne. » Lettre à Foulques. P. L. t. 182, col. 86.

(3) On serait tenté de dire à l'auteur qu'il exagère. Cette domination parfaite de l'esprit sur la chair est-elle possible ici-bas ? N'avons-nous pas toujours à lutter ? Et la chair, même chez ceux qui la combattent, ne prévient-elle pas quelquefois et ne surprend-elle pas l'esprit ? C'est une des conséquences les plus marquantes du péché originel que cette insoumission du corps à l'âme. Le corps n'est pas docile et il répugne à la loi de l'esprit.

(4) Le livre d'Exhortation, ou Enseignements salutaires, auquel l'auteur emprunte cette longue citation, n'est pas de saint Augustin, mais de saint Paulin, évêque de Forli (VIIIe siècle). On trouve le passage cité, au ch. 17. P. L. t. 40, col. 1052-1053.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyVen 25 Fév - 14:44

CHAPITRE XXIX

La Gravité


1 et 2. Il y a gravité véritable lorsque, sans discorde aucune, toutes les affections de l'âme et ses puissances sont rassemblées en Dieu. Il s'ensuit que l'âme se retire de tout ce qui est vain, et qu'elle préserve les sens de toute séduction. L'âme, au contraire, s'éloigne-t-elle de cette heureuse union, aussitôt la voilà prisonnière de beaucoup de vanités, puisque tout est vain ici-bas, comme le dit l'Ecclésiaste, ch. 1, v. 2.

3. Les saints exemples de Jésus-Christ doivent nous conduire à la vraie gravité. Saint Augustin décrivait ainsi le caractère sérieux du Christ (1) « Nous lisons bien dans les Évangiles que le Seigneur Jésus se plaignait, qu'il a pleuré, qu'il fut fatigué du chemin, qu'il a supporté opprobres et mauvais traitements, qu'il a accepté les crachats, les fouets, la croix. Nous ne voyons nulle part qu'il ait ri ou qu'il ait eu la prospérité de ce monde. De là vient, sans doute, que tous les élus se réjouissent en eux-mêmes, lorsque l'adversité commence à les accabler, et qu'aucun bonheur terrestre ne réussit plus à les séduire. Ils savent qu'il leur reste une autre voie (2). »

De même, l'Écriture désapprouve fortement le rire et la dissipation : « J'ai regardé le rire comme une folie, et j'ai dit à la joie : À quoi bon ce que tu donnes ? » (Ecclé., ch. 2, v. 2). « Même dans le rire on trouve la douleur, et la joie se termine par des larmes » (Prov., ch. 14, v. 13). Et le Psalmiste dit au Seigneur : « Vous haïssez ceux qui s'amusent inutilement à des vanités » (Ps. 30, v. 7). Ce qui doit surtout nous exciter à la gravité, c'est la menace du Christ : « Malheur à vous qui riez maintenant, parce que vous pleurerez et vous gémirez » (Luc, ch. 6, v. 25). Et puis, le rire et la dissipation nous distraient considérablement de la familiarité avec Dieu et ils ferment l'entrée à la grâce dans nos âmes.

4. Il prouve qu'il possède la gravité véritable, celui qui, en aucune occasion, n'excite les autres à la légèreté, ni par des paroles oiseuses, ni par ses actions ou ses gestes, ni par une démarche inconsidérée ; c'est de tout cœur qu'il abhorre la légèreté en lui-même ou chez les autres ; il évite les lieux où il perdait son recueillement, et pour le garder, il fuit les personnes trop libres ; ne sait-il pas qu'« on se salit à toucher de la poix » (Eccli., ch. 13, v. 1), et que celui qui entre en relations avec des gens aux mœurs légères n'échappera pas à la dissipation ? La gravité de Job était si grande que les personnes peu sérieuses évitaient sa présence. Il le dit lui-même : « En me voyant, les jeunes gens se cachaient » (Job, ch. 29, v. 8 ) (3). Et elle lui était si habituelle que si quelque chose de contraire apparaissait en lui, personne n'y croyait. « Si je leur souriais, ils ne pouvaient le croire, ils recueillaient avidement chacun de mes regards » (v. 24).

5. C'est une preuve de légèreté que d'être porté à rire, que de plaisanter, que de fréquenter les lieux de dissipation et les personnes légères, et de fuir les hommes graves et sérieux, de trouver que la gravité est pénible à voir, parce qu'on croit que des maladies peuvent en provenir. L'Ecclésiaste a fait le portrait de l'homme léger : « Réjouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse, livre ton cœur à la joie pendant les jours de ton adolescence, marche dans les voies de ton cœur et selon les regards de tes yeux. Mais sache que, pour cela, Dieu t'appellera au jugement » (ch. 11, v. 9).


(1) Ce texte n'a pas pour lui l'autorité de saint Augustin ; il est probablement de Fulbert de Chartres, mort en 1029, ou d'un certain Ambroise Autbert. P. L, t. 39, col. 2133. On se représente difficilement Notre-Seigneur toujours en larmes. Il devait réjouir sa sainte mère et charmer ses apôtres par sa douceur et son excessive bonté ; ce qui n'enlève rien à sa gravité sereine et libre.

(2) Le texte, reproduit par Migne, a des variantes « les élus se réjouissent et espèrent » (in spe gaudent, à la place de : in se) ; « ils savent qu'il n'y a pas d'autre chemin pour entrer au ciel. » La première variante a pour elle la parole de saint Paul aux Romains, ch. 12, v. 12, dont il semble bien qu'elle s'inspire « Soyez joyeux dans l'espérance. »

(3) Le texte sacré ne semble pas avoir le sens péjoratif que lui prête l'auteur. Les jeunes gens révèrent Job à cause de sa grande sagesse et aussi de sa prospérité. Que Job leur sourie, ils ne peuvent croire à une telle marque de faveur de la part d'un si grand personnage.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptySam 26 Fév - 14:15

CHAPITRE XXX

La Simplicité


1. La simplicité véritable et parfaite consiste à ne nuire à personne, mais à être utile à tous, comme le dit la Glose sur les paraboles (1). C'est la première vertu que l'on fait valoir chez Job. « Il y avait, dans le pays de Hus, un homme du nom de Job, et cet homme était simple et droit » (ch. 1, v. 1). Apparemment, cette vertu l'emportait, en lui, sur toutes les autres.

C'est elle aussi que le Seigneur a ordonnée, lorsqu'il envoya ses apôtres dans le monde pour appeler les incrédules à l'unité de la foi catholique : « Soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes » (Matt., ch. 10, v. 16). Dans son commandement, il joint la prudence à la simplicité ; car la prudence sans la simplicité, c'est de la ruse ; la simplicité sans la prudence, c'est de la sottise. La colombe ne blesse ni du bec ni des ongles ; de même, l'âme vraiment simple ne fait du mal ni en parole ni par action.

2. Il aime vraiment la simplicité, celui qui ne s'occupe pas, comme Marthe, à une multitude d'affaires, – car le grand nombre entraîne la complication– mais qui n'en cherche qu'une seule, celle dont Notre-Seigneur disait : « Une seule chose est nécessaire » (Luc, ch. 10, v. 42) ; et il en félicitait Marie-Madeleine : « Elle a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée. » Il s'agit du seul Bien, où se trouvent tous les biens, immenses et éternels.

3. Les avantages de la simplicité doivent nous exciter à l'amour de cette vertu. Il est écrit que Dieu aime à s'entretenir avec les âmes simples » (Prov., ch. 3, v. 32). Le Seigneur est familier avec elles et il ne dédaigne pas de leur révéler ses secrets. Ainsi, aux apôtres qui empêchaient les petits enfants d'aller jusqu'à lui, Notre-Seigneur disait : « Laissez-les, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent » (Matt., ch. 19, v. 14). Sans cette vertu, le salut est impossible : « Si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux » (ch. 18, v. 3). Le Seigneur Jésus ne dit pas : Si vous ne devenez petits enfants, mais « comme les enfants », ce qui signifie simples et innocents.

Voici une autre utilité de cette vertu. « Celui qui marche dans la simplicité marche en confiance » (Prov., ch. 10, v. 9). La voie de la simplicité, c'est le chemin le plus sûr dans le royaume des cieux. « Dieu protégera ceux qui marchent dans la simplicité » (ch. 2, v. 7).

4. Les preuves de la simplicité véritable sont de bien présumer de tous, loin de tourner en mauvaise part les actions du prochain ; de ne dénaturer le bien de personne ni de le diminuer ; de ne souhaiter le mal à aucun et de désirer le salut de tous, de faire de bonnes actions et de les bien faire, d'avoir des idées justes sur Dieu et de le chercher dans la simplicité du cœur, de se soumettre aussi à sa volonté et de garder ses commandements.

5. Il est convaincu de duplicité, celui dont les paroles diffèrent des pensées et des actions. Ainsi Joab s'apprête à baiser Amasa en lui disant : Salut, mon frère ; mais en même temps il tire en secret son épée et le frappe mortellement (IIe livre des Rois, ch. 20, v. 9-10).

Le Seigneur Jésus s'oppose à cette duplicité : « Que votre langage soit : Cela est, cela n'est pas » (Matt., ch. 5, v. 37) ; autrement dit : Ce que vous avez dans le cœur, proférez-le de vive voix et montrez-le par vos œuvres. « L'homme à deux âmes est inconstant dans toutes ses voies » (Jacq., ch. 1, v. 8 ). Notre-Seigneur maudit les hommes de duplicité qui veulent servir en même temps Dieu et le diable, ou s'exercer au péché et aux bonnes œuvres. Et il disait à leur adresse : « Personne ne peut servir deux maîtres » (Matt., ch. 6, v. 24) ; il s'agit de deux maîtres qui s'opposent : le bien et le mal, la vertu et le vice sont absolument contraires. Et pour ceux qui voudraient plaire à Dieu et au monde, voici la pensée de saint Jacques : « Quiconque veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu » (ch. 4, v. 4).

Se montrer simple, à l'extérieur, dans la manière de se conduire, et porter la fourberie dans son mur, c'est une marque de fausse simplicité. Jérémie s'en plaignait de la sorte : « Que chacun de vous se garde de son ami ; et ne vous fiez à aucun frère, car les frères se supplanteront les uns les autres, et les amis sont des trompeurs » (ch. 9, v. 5).


(1) On n'a pas trouvé cette glose.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyLun 28 Fév - 15:07

CHAPITRE XXXI

Le Silence



1 et 2. Le silence véritable et parfait consiste à ne pas seulement s'abstenir des paroles défendues, à savoir : calomnie, mensonge, parjure, propos impudiques, paroles de légèreté ou de colère, paroles injurieuses, malveillantes ou oiseuses, etc., mais encore à refuser à sa langue les paroles utiles et permises. « Je suis resté muet, dit le Psalmiste, et dans le silence, et je me suis abstenu (même) de bonnes paroles » (Ps. 38, v. 3) ; et la Glose : « Il ne va pas jusqu'à ce qui est défendu, celui qui prudemment se refuse ce qui est permis » (1). Il n'y a pas que les paroles inutiles et nuisibles, en effet, qui laissent la grâce s'écouler (et se perdre), mais les paroles utiles également, lorsqu'on en use sans modération. C'est une rare vertu que de modérer sa langue ! Saint Jacques n'affirme-t-il pas que « toutes les espèces de quadrupèdes, d'oiseaux et de serpents peuvent se dompter, et ont été domptées par l'homme. Mais la langue, aucun homme ne peut la dompter, elle n'est jamais en repos, elle est remplie d'un venin mortel » (ch. 3, v. 7, 8 ). « La langue des méchants, dit la Glose, l'emporte sur les bêtes en férocité, sur les oiseaux en légèreté, et sur les serpents par son infection » (2). Ne sont-ils pas semblables aux bêtes, ceux qui « aiguisent leurs langues comme une glaive » ? (Ps. 63, v. 4) ; ne sont-ils pas (comme) les oiseaux, « ceux dont la bouche affronte le ciel même » (Ps. 72, v. 9) et profère la vanité et le mensonge » (Ps. 143, v. 8 ) ; et (comme) des serpents, puisqu'on dit d'eux : « Ils ont sous leurs lèvres le venin de l'aspic » ? (Ps. 139, v. 4).

3. Les saints exemples de Notre-Seigneur doivent nous conduire à l'amour du silence. Pour nous recommander le silence, lorsqu'il fut interrogé sur les accusations dont on le chargeait, il ne voulut pas se justifier ni différer sa mort par une réponse. L'exemple aussi d'un saint ermite, dont il est raconté que pour apprendre à garder le silence, il porta, durant trois années, une pierre dans sa bouche. De fait, on apprendrait plus vite à parler qu'à se taire, selon cette sentence d'un sage : « Celui qui sait parler, qu'il apprenne aussi à se taire. »

Pour nous exciter au silence, nous avons encore les avantages qui en résultent. Le silence ramène à son centre le cœur dispersé, il fait entrer la sérénité dans la conscience, et il rend l'âme capable de recevoir la grâce de Dieu. Vous n'avez pas le silence : facilement le démon aura raison de vous : « Une ville forcée qui n'a plus de murailles, tel est l'homme qui ne peut retenir ses paroles » (Prov., ch. 25, v. 28 ). La perfection ne sera jamais là où il n'y a pas de mesure dans le langage : « Si quelqu'un ne pèche pas en parole, dit saint Jacques, c'est un homme parfait » (ch. 3, v. 2) ; celui-là seul, ajoute la Glose, et non pas un autre. À garder le silence, on est heureux. « Heureux l'homme qui n'a pas péché par les paroles de sa bouche » (Eccli., ch. 14, v, 1). « Celui qui garde sa bouche et sa langue préserve son âme des angoisses » (Prov., ch. 21, v. 23).

4. C'est une preuve du vrai silence que de n'être pas, ou rarement, amené à parler, alors même que vous pouvez le faire librement, licitement et sans péché, et qu'on recevrait avidement vos paroles. Rappelez-vous ce que disait saint Grégoire (3) : « Si le saint prophète Ézéchiel, envoyé cependant pour parler, est resté, pendant sept jours, dans le silence et l'abattement, nous sommes bien obligés d'apprécier quelle faute il y a de ne pas se taire pour celui qu'aucune nécessité ne force de parler. » Il y a aussi ce mot de l'Évangile : « Je vous le dis, au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu'ils auront dite » (Matt., ch. 12, v. 36).

5. Une marque de loquacité, c'est de parler avec hardiesse et en criant, pour se faire remarquer, ou de parler à contretemps, alors que la meilleure parole, c'est celle qui est dite à propos. Il est écrit contre ces bavards : « Le sage se tait jusqu'au moment favorable, l'intempérant et l'inconsidéré passent par-dessus » (Eccli., ch. 20, v. 6). Autres preuves de bavardage : parler lorsque personne n'écoute ou ne se soucie d'entendre, contrairement à ce qui est dit : « Si l'on n'écoute pas, ne vous répandez pas en paroles » (Eccli., ch. 32, v. 4) ; ou encore, répondre avant d'avoir entendu ou avant d'être interrogé : « Celui qui répond avant d'avoir écouté montre sa folie, et il est digne de confusions (Prov., 18, v. 13) ; ou enfin répondre à la place d'un autre, à l'encontre de ce précepte de l'Ecclésiastique, ch. 32, v. 7 : « Jeune homme, parlez à peine dans votre propre cause », à savoir, lorsque c'est nécessaire.

Il prouve que son silence est faux, celui qui se tait, non parce que c'est vertueux de se taire, mais pour qu'il ne se couvre pas de honte devant ses auditeurs, ou pour qu'on le loue de son silence, ou parce qu'il a peur de dire un mot, ne sachant pas parler d'une façon intelligible ou utile, ou encore afin de cacher par son silence sa faiblesse d'esprit : « L'insensé lui-même, quand il se tait, passe pour un sage » (Prov., ch. 17, v. 28 ).


(1) Glose interlinéaire (Bible de Douai, t. 3, col. 66). Cette glose est de saint Grégoire le Grand, au livre 5 des Morales, P. L t. 75, col. 688. Il s'agit aussi bien des pensées et des actions que des paroles. Et saint Grégoire est plus catégorique : « Seul, il ne tombe pas dans le mal, celui qui, de temps en temps, par précaution, ne s'accorde même pas ce qui est licite. »

(2) Glose interlinéaire sur ces deux versets de saint Jacques (Bible de Douai, t. 6, col. 1286).

(3) Homélies sur Ézéchiel, livre 1, Hom.II . P. L. 76, col. 907.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyMar 1 Mar - 17:28

CHAPITRE XXXII

La Solitude



1 et 2. La solitude véritable consiste à retirer son âme du souci et de l'embarras des actions extérieures, et de tout plaisir goûté dans les créatures, puis, de diriger en Dieu, autant que possible et avec ensemble, toutes ses affections, toutes ses volontés, toutes ses intentions, afin de devenir un seul esprit avec lui. C'est à cela que le prophète Isaïe nous exhorte : « Entrez dans la pierre, et cachez-vous dans les trous de la terre » (ch. 2, v. 10, 19), c'est-à-dire : entrez dans la divinité du Christ, et cachez-vous dans ses plaies. On est seul, si l'on entre dans cette pierre, mais si l'on reste en dehors, on est dans la multitude. En cette solitude spirituelle, l’âme reçoit des grâces et des lumières si grandes, que celui qui les reçoit fait peine à voir aux autres : ainsi, Moïse, demeuré seul sur la montagne avec Dieu, pendant quarante jours et quarante nuits, fut tellement sous la splendeur divine qu'une lumière jaillissait de sa face, et il en sortait comme des rayons de soleil, et les fils d'Israël ne pouvaient les regarder que lorsque Moïse eut voilé son visage (Exode, ch. 34, v. 29-34).

3. Les saints exemples de Notre-Seigneur Jésus-Christ doivent nous porter à l'amour de la solitude. Personne ne pouvait l'empêcher de traiter spirituellement avec son Père, et cependant, souvent il s'écartait de la foule, parce qu'il aimait la solitude. Et, une fois, pour prier, il s'éloigna à la distance d'un jet de pierre (Luc, ch. 22, v. 41), même de ses apôtres les plus aimés ; pouvait-il faire davantage ? Il nous signifiait, par là, que même les saintes gens ne peuvent pas, au milieu de la foule, s'occuper de Dieu intimement, et qu'on n'obtient que peu de grâce efficace, ou pas du tout, parmi les hommes. Ainsi, Zachée, dans la foule, ne pouvait voir le Seigneur Jésus ; ce n'est qu'après qu'il fut monté, seul, sur un arbre, qu'il vit le Sauveur et entendit ses paroles (Luc, ch. 19, v. 2-7).

Les avantages de la solitude doivent nous exciter à l'aimer. « Je la conduirai, disait Dieu au sujet de (l'âme) son épouse, je la conduirai dans la solitude, et je lui parlerai au cœur » (Osée, ch. 2, v, 14). Heureux celui qui entend, ne serait-ce qu'une seule fois, le Seigneur lui parler au fond de l'âme ! Le langage de Dieu au cœur consiste à donner à l'âme la sécurité à propos des grâces (plus) élevées (1).

Jadis, de saints ermites ont parcouru les déserts, errant dans la solitude et les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre, afin de pouvoir servir Dieu continuellement ; parfois, ils furent quarante ans sans voir un seul être humain. Cela aussi doit nous faire aimer la solitude.

4. Une preuve de vraie solitude, c'est d'avoir à charge la société des hommes, et de s'en séparer chaque fois qu'on le peut. « Voici, je me suis enfui bien loin, et j'ai fait ma demeure dans la solitude » (Ps. 54, v. 8 ). Ainsi, ce fut un supplice pour Marie-Madeleine que de voir les hommes, depuis qu'elle ne pouvait plus voir Jésus ; et même, de voir les Anges lui fut pénible. Ils voulaient la consoler de ce que le Seigneur était sorti du sépulcre, mais elle de dire : « C'est le Créateur que je cherche, voilà pourquoi il m'est pénible de voir la créature. » Et par amour pour Jésus-Christ, elle s'enfuit dans le désert ; pendant trente ans, elle s'abstint de manger et de boire. Les Anges, à chacune des heures assignées à la prière, la soulevaient dans les airs, et c'est dans sa prière qu'elle prenait la nourriture de son âme et de son corps.

5. Il prouve que sa solitude n'est pas véritable, celui qui se tient devant Dieu, de corps seulement, pendant que son âme, tiraillée en tous sens, s'occupe à quantité d'affaires.

À eux deux, le silence et la solitude peuvent élever (l'âme), jusqu'à la contemplation. « L'homme, dit Jérémie, s'assiéra seul, en silence, parce qu'il s'est élevé au-dessus de lui-même » (Lamentations, ch. 3, v. 28 ).


(1) Lorsque Dieu parle à une âme qu'il conduit par des voies élevées, il lui donne la pleine assurance que les grâces qu'elle reçoit viennent bien de lui, et qu'elle n'est pas le jouet de sa propre imagination ou de Satan. Ces grâces sont « difficiles » à mériter.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyMer 2 Mar - 14:23

CHAPITRE XXXIII

La Contemplation


1. La contemplation véritable et parfaite, c'est le rassemblement des affections et de toutes les puissances de l'âme pour connaître, avec joie et admiration de l'esprit, quelque chose de la nature divine : la puissance de Dieu, sa sagesse, sa bonté, son amour ; sa noblesse, sa générosité, ou encore les jugements cachés de Dieu ou sa très sainte volonté, ou aussi quelque perfection qui mène à Dieu.

2. Les patriarches et les prophètes étaient dans cette contemplation, les saints apôtres également. Aux premiers, Dieu révéla ses secrets par l'Esprit-Saint : ainsi à Noé, à propos du déluge (Genèse, ch. 6, v. 13), à Abraham pour la destruction de Sodome (ch. 18, v. 17), à Jérémie au sujet de la déportation des juifs et de leur captivité (Jérémie, ch. 25), à Joseph sur la famine d'Égypte (Gen., ch. 41, v. 25), à Daniel au sujet de la statue de Nabuchodonosor (Daniel, ch. 2, v. 19). Dieu agit de même avec les autres patriarches et prophètes, auxquels il découvrait des mystères, comme à Ézéchiel différentes visions (ch. 1, v. 4). Aussi Amos disait-il que le Seigneur Dieu ne fait rien sans qu'il ait révélé son secret à ses serviteurs, les prophètes (ch. 3, v. 7).

Mais c'est par son Fils unique que Dieu a notifié aux apôtres toutes ses volontés et tout ce qu'il y a de parfait : « Tout ce que j'ai entendu de mon Père, disait Notre-Seigneur à ses disciples ; je vous l'ai fait connaître » (Jean, ch. 15, v. 15), à charge de le révéler à leur tour à ceux qui viendraient après eux ; ce qu'ils exécutèrent fidèlement. En effet, « leur voix a retenti par toute la terre, et leur parole est allée jusqu'aux extrémités du monde » (Ps. 18, v. 5). Parmi tous les apôtres, c'est à l'évangéliste saint Jean et à saint Paul qu'il a révélé et manifesté ce qu'il y a de plus caché. Entre autres choses, il enseigna aux apôtres les huit béatitudes : Heureux les pauvres en esprit, heureux ceux qui sont doux, etc., béatitudes qui contiennent en elles-mêmes une grande perfection et indiquent la volonté parfaite de Dieu.

Or, voici la différence entre la contemplation, la méditation et une activité quelconque de l'esprit. En ce dernier état, l'esprit erre n'importe où ; dans la méditation, il cherche ; il admire dans la contemplation. La pensée qui s'abandonne a lieu sans fatigue et sans fruit, la méditation donne de la peine, mais aussi du fruit, la contemplation a le fruit sans la peine.

3. Trois degrés doivent nous conduire à la contemplation de Dieu. Voici ce qu'en dit saint Grégoire (1) : « Au premier degré, l'âme se recueille et revient à soi-même ; au second, elle se voit telle qu'elle est alors en cet état de recueillement ; au troisième elle s'élève au-dessus d'elle-même, et, en s’appliquant à la contemplation de son Auteur invisible, elle se soumet à lui. Mais l'âme ne se recueille nullement en elle-même si elle n'a pas appris, auparavant, à écarter de l'œil de l'esprit les représentations des images terrestres ou célestes, et à repousser tout ce qui, venant de l'ouïe, de la vue, de l'odorat, du goût et du toucher, se présente à sa pensée, de manière à ce qu'elle se cherche intérieurement telle qu'elle est sans cela. Lorsqu'elle pense à cela, en effet, c'est comme si elle agitait au-dedans d'elle-même des ombres corporelles. Que discrètement donc elle éloigne tout cela des yeux de l'esprit ; alors, elle pourra se considérer soi-même telle qu'elle a été créée ; inférieure à Dieu, au-dessus du corps, afin que, vivifiée par Celui qui est plus élevé qu'elle, elle vivifie l'inférieur qu'elle gouverne. »

Ce qui doit encore nous conduire à la contemplation, c'est l'ineffable suavité qu'on y éprouve, la perfection étonnante qu'on y apprend, le principe qu'on y trouve de toute béatitude. Ne nous fait-elle pas connaître, en effet, le Seigneur Dieu, source de tout bonheur ? Ce Dieu que l'on connaît, on l'aime ; et l'aimant, on désire le posséder ; et s'y efforçant avec peine, on y arrive enfin ; et le possédant alors, c'est avec une joie sans limite qu'on en jouit. Saint Bernard en parle de la sorte : « Voici une âme qui a appris du Seigneur à entrer en elle-même, et à qui Dieu a fait cette grâce d'entrer en soi, de soupirer, intérieurement, après la présence de son Dieu et d'en chercher constamment le visage : car Dieu est vérité, et ceux qui le cherchent doivent marcher en esprit, et non dans la chair pour vivre selon la chair. Cette âme, je crois qu'elle préférerait – comme moins douloureux et moins horrible – subir, pour un temps, l'enfer lui-même, plutôt que de sortir d'elle-même, après avoir une fois goûté la douceur de s'occuper intérieurement du Dieu présent en elle, pour retourner aux séductions, ou plutôt aux tristesses et embarras de la chair, et pour reprendre ses sens dont l'activité curieuse est insatiable. L'œil, dit l'Ecclésiaste, ch. 1, v.8, ne se rassasie pas de voir, et l'oreille ne se lasse pas d'entendre. Écoutez donc quelqu'un qui a expérimenté ce qu'il dit (2) : « Vous êtes bon, Seigneur, pour ceux qui espèrent en vous, pour l'âme qui vous cherche » (Lamentations, ch. 3, v. 25).

Et si l'on s'efforçait de détourner de ce bien cette âme sainte, je pense qu'elle ne l'accepterait pas autrement que si elle se voyait privée du paradis et de l'entrée même dans la gloire. Écoutez encore une autre parole semblable à la première : « Mon cœur vous a parlé, dit le Psalmiste, mes yeux vous ont cherché, ô Seigneur, je chercherai votre face » (Ps. 26, v. 8 ). « Pour moi, affirmait-il à ce propos, être uni à Dieu, c'est mon bonheur » (Ps. 72, v. 28 ) ; et se parlant à lui-même : « Mon âme, retourne à ton repos, parce que le Seigneur t'a comblée de biens » (Ps. 114, v. 7), Aussi, je vous le déclare, quiconque a reçu une fois ce bienfait, il n'est rien qu'il ne redoute comme de devoir, abandonné par la grâce, sortir encore de lui-même pour aller aux consolations : je veux dire aux désolations de la chair, et supporter à nouveau le tumulte des sens charnels » (S. Bernard) (3).

Saint Augustin était dans cette contemplation lorsqu'il disait : « Je ne trouvais plus plaisir à ce que je faisais dans le monde, et cela m'était grandement à charge, parce que les passions ne s'enflammaient plus, comme d'habitude, à l'espoir des honneurs et de l'argent. Et je ne m'y plaisais plus, à cause de votre douceur, ô mon Dieu, et de la beauté de votre maison que j'aimais » (4).

4. Celui-là a la preuve de la véritable contemplation, qui s'ennuie de vivre en ce monde malheureux, affirmant avec Tobie : « Il est meilleur pour moi de mourir que de vivre » (ch.3, v. 6); avec Job : « Mon âme est fatiguée de la vie » (ch. 10, v. 1) ; et avec saint Paul : « Malheureux homme que je suis ! qui me délivrera du corps de cette mort ? » (Rom., ch.7, v. 24). Et, aussi, celui qui a soif de la source de vie, et qui soutient avec le Psalmiste : « Comme le cerf soupire après les sources d'eau, ainsi mon âme soupire après vous, ô mon Dieu » (Ps. 41, v. 2).

Saint Grégoire dit à ce propos : « La vie contemplative consiste sans doute à garder, de tout son cœur, l'amour de Dieu et du prochain, mais aussi à s'abstenir des actions extérieures et à s'attacher uniquement à désirer le Créateur, de sorte qu'on trouve bon de ne plus rien faire, mais de s'exciter à voir la face de son Dieu après avoir rejeté tout souci. C'est alors qu'on sait porter avec tristesse le poids d'une chair corruptible ; on a appris à désirer ardemment de se trouver avec les chœurs des Anges qui chantent des hymnes, de se mêler aux citoyens du ciel, et de se réjouir, en présence de Dieu, de l'éternelle incorruptibilité » (5).

5. C'est une preuve de contemplation fausse que d’avoir sur Dieu ou sur l'une de ses perfections, des idées contraires à la vérité de la Sainte Écriture, de les défendre témérairement, par des raisonnements. Telle fut l'origine des hérésies anciennes : celle d'Arius, il niait que le Fils soit éternel et consubstantiel au Père ; celle de Sabellius, il confondait les personnes dans la Trinité et ne mettait entre elles qu'une différence de noms, alors qu'elles diffèrent vraiment par leurs propriétés : ainsi le Père a la propriété de ne pas pouvoir être engendré, le Fils a en propre la nascibilité, et le Saint-Esprit, la procession.


(1) IIe liv. des Homélies sur Ézéchiel, hom. 5, P. L. t. 76, col. 989-990.

(2) Migne, P. L. t. 183, col. 962 : « Écoutez quelqu'un qui a éprouvé ce dont nous parlons » (quae loquimur), à la place de : quae loquitur.

(3) Sur les Cantiques, 35e Sermon.

(4) Livre 8e des Confessions, ch. 1. P. L. t. 32, col. 749.

(5) IIe livre des Homélies sur Ézéchiel, hom. 2. P. L. t. 76, col. 359.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyJeu 3 Mar - 14:57

CHAPITRE XXXIV

La Discrétion



1 et 2. La véritable discrétion consiste à distinguer, avec prudence, le Créateur de la créature, et à juger de ce qu'ils sont l'un et l'autre. Elle discerne, de même, le bien, le meilleur, l'excellent ; elle distingue ce qui est mal, ce qui est plus mauvais, ce qui est très mauvais ; elle donne la mesure du désir du bien et de l'horreur du mal. Elle juge encore quel respect on doit à un supérieur ; à un inférieur quelle clémence et quelle compassion ; et à un égal quels rapports de société. Elle décide comment on doit se comporter avec les morts et avec les vivants, à l'égard des prédécesseurs et vis-à-vis des successeurs, comment il faut se conduire avec ses amis pour les aimer en Dieu, avec les ennemis pour les aimer à cause de Dieu, comment on doit se tenir, en secret, devant Dieu, et publiquement devant les hommes. Elle juge quelle réfection il faut employer pour le corps et pour l'âme, de quels vêtements on doit se couvrir ; quand faut-il manger, quand faut-il boire, quand doit-on s'abstenir, combien et de quelles nourritures ? Quand faut-il veiller, quand faut-il dormir, dans quelle mesure et pendant combien de temps ? Quand faut-il prier, quand faut-il pleurer, quand faut-il agir ? A la discrétion également de déterminer la conduite à tenir dans le blâme et dans la louange ; à elle de juger quand il faut parler et quand on doit se taire, et dans quelle mesure, pour quel motif, avec qui, en quel temps et dans quel lieu ; elle décide, enfin, quand on doit recevoir et retenir, et combien ; à qui et quand faut-il donner libéralement. Décider de tout cela avec ordre et prudence, c'est la véritable discrétion.

Cette vertu est la maîtresse de toutes les vertus : elle leur assigne à toutes l'ordre et la mesure (1). À l'opposé, là où il n'y a pas de discrétion, la charité n'observe pas son ordre : que doit-elle aimer en premier lieu, et quoi en dernier lieu ? Elle ne connaît pas non plus sa mesure : que faut-il aimer moins, que faut-il aimer davantage ? Et en général l'ordre n'est pas observé là où il n'y a pas de discrétion ; ainsi, au témoignage de saint Augustin, « l'autorité du supérieur se brise dès qu'il pratique l'humilité d'une manière excessive » (2).

Sans la discrétion, l'obéissance est aveugle et déraisonnable : on croit, en effet, qu'il faut obéir aussi en ce qui est mal ; la libéralité se prodigue avec trop de profusion, puisqu'on donne aux histrions, sans nécessité. Là où n'est pas la discrétion, de la crainte on tombe dans le désespoir ; l'espérance se change en présomption ; la justice fait preuve d'une trop grande sévérité, la patience, la miséricorde, la douceur, la bienveillance et la bonté dissimulent des injustices. Enfin, sans la discrétion, la religion est détruite, la vérité devient mensonge, la chasteté est profanée, la gravité se fait légèreté, et la constance est modifiée totalement.

L'imperfection même des autres vertus est, pour la discrétion, une source de progrès ; car ce n'est qu'après être tombé souvent de l'humilité dans l'orgueil ou la vaine gloire, de la charité dans l'envie, de la patience dans la colère, de la douceur dans la rancune, de la ferveur dans la tiédeur, de la chasteté dans les convoitises de la chair, de l'amour de la pauvreté dans l'avarice, de la paix dans le trouble, de l'union dans la discorde, de l'obéissance dans la révolte, de la maturité dans la légèreté, du recueillement dans la dissipation, du silence dans le bavardage et la calomnie, de l'affection spirituelle dans l'amour charnel, de l'espérance dans la présomption, de la crainte juste dans la crainte de l'homme ou la crainte servile, de la justice dans la rigueur, de la miséricorde dans l'impressionnabilité, de la fermeté dans l'inconstance, de la vérité dans la fausseté ; ce n'est qu'après ces nombreuses chutes que l'on devient plus attentif ; on est davantage sur ses gardes ; on est plus vigilant aussi, et, en tout, plus discret.

3. Voici ce qui doit efficacement nous conduire à la véritable discrétion : la lecture et la méditation assidues des Écritures, la recherche continuelle des exemples des Saints, les fréquents conseils d'hommes discrets, selon cette parole de Tobie : « Cherchez toujours conseil auprès d'un homme sage » (ch. 4, v. 19). Aussi, Notre-Seigneur disait-il à Paul : « Lève-toi, et entre dans la ville ; là on te dira ce que tu dois faire » (Actes, ch. 9, v.6). Il envoya de même les lépreux : « Allez, montrez-vous aux Prêtres » (Luc, ch. 17, v. 14) ; montrez-vous, non pas à un seul, mais à plusieurs, pour que, s'il en est un qui soit moins prudent, on puisse en chercher un autre plus discret.

4. C'est une preuve de la véritable discrétion que d'étudier toutes ses actions avec le conseil d'hommes prudents ; et si on ne peut toujours les avoir, on examine, dans sa conscience devant Dieu, chacune de ses actions et affaires, avec véritable prudence et sage délibération. Il est écrit : « Mon fils, ne fais rien sans réflexion, et après l'action tu n'auras pas à te repentir » (Eccli., ch. 32, v. 19). Qu'en cela, cependant, on ne croie pas toujours à sa conscience, à moins qu'on n'ait le témoignage évident de l'Écriture ; qu'on ne ramène pas, non plus, jusqu'à un certain point, l'Écriture à son sentiment, mais que l'on conforme sa manière de penser à l'Écriture.

5. Une preuve d'indiscrétion, c'est se fatiguer, au-delà de ses forces, dans les jeûnes et les veilles, la prière, les disciplines et les larmes : on s'affaiblit en peu de temps pour se rendre inutile au service de Dieu pendant plusieurs années. Mais, hélas ! ils sont peu nombreux, de nos jours, ceux qui excèdent en cette matière !

Il a la preuve de la fausse discrétion celui qui, voulant éviter de détruire sa santé, ne néglige rien de ce qui est profitable à son corps : « Ma force, dit-il au Seigneur, je la garderai pour vous » (Ps. 58, v. 10) (3) ; et, pendant ce temps, l'âme est en défaillance et elle dépérit, parce qu'elle est privée de nourriture spirituelle, nourriture qu'on ne peut nullement se procurer sans effort. Saint Augustin (4) disait à ce propos : « Tandis que nous redoutons la faiblesse pour notre corps, nous négligeons le salut de notre âme. » En effet, à nourrir délicatement la chair, on tue l'esprit. « De même que la teigne attaque la laine et le bois, de même que le feu brûle l'herbe sèche et la paille, ainsi une chair dans les délices détruit l'âme et la consume » (5).

On ne pense pas que le corps, à la fin, sera réduit en poussière, même s'il a joui de tout bien-être. Les gens du monde, par exemple, qui ne refusent à leur corps aucun plaisir, servent-ils Dieu davantage ? Au contraire, ils sont plus souvent malades. Une âme qui vit, et pleine de grâce, dans un corps malade, ne vaut-elle pas mieux qu'une âme languissante ou morte dans un corps bien portant ?


(1) D'après cela, on peut conclure que l'auteur entend par la discrétion la vertu proprement dite de prudence.

(2) P. L. t. 33, col. 964.

(3) Il faudrait traduire ce verset : « (ô Dieu) ma force, c'est vers vous que je me tournerai. »

(4) P. L. t. 40, col. 1075. Saint Augustin n'est pas l'auteur des « Enseignements salutaires ». Voir note 1, p. 157.

(5) P. L. t. 40, col. 1076.

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CHAPITRE XXXV

La Louange



1 et 2. La louange véritable à l'égard de Dieu consiste à se réjouir avec lui de tout son bonheur et des perfections qu'il possède, par nature, de toute éternité, à savoir la toute-puissance, la sagesse, la bonté, etc. ; se réjouit aussi de ce qu'il n'a besoin de personne, mais qu'il se suffit à lui-même et à toutes les créatures. Elle consiste également à se réjouir. avec Dieu de l'ordre du ciel et de la terre, et de tout ce qui s'y trouve ; de tout ce qu'il a fait depuis le commencement du monde jusqu'à la fin des siècles, mais surtout de l'Incarnation, de la Circoncision, de la Passion, de la Résurrection, de l'Ascension, et de l'envoi de l'Esprit-Saint ; se réjouir encore avec Dieu de tous ses jugements, manifestes ou secrets, concernant les démons, les âmes qui sont en enfer, dans les limbes, au purgatoire, et les méchants qui vivent en ce monde ; enfin, la vraie louange consiste à se réjouir avec Dieu de tout ce qu'il reçoit, en fait de louange et de respect, de la part des Anges et des Saints, au ciel, et de la part des hommes, sur la terre.

À l'égard du prochain, la louange véritable consiste à se réjouir, avec chacun des Anges et des Saints, de leur gloire dans le ciel ; avec les pécheurs, de leur conversion ; avec les justes, de leur affermissement dans la grâce qu'ils conservent ; et avec l'Église, des sacrements et des dons du Saint-Esprit. C'est se réjouir aussi avec tous les saints personnages qui sont dans l'Église et en ce monde, à savoir, la Bse Vierge Marie, les Patriarches, les Prophètes et les Apôtres, et chacun des élus, et les féliciter des dons reçus de Dieu ou à recevoir par chacun d'entre eux.

3. Ses avantages considérables doivent nous conduire à la véritable louange. La perfection, la bonté, la béatitude que le Dieu tout-puissant possède en soi par nature, toute la gloire des Anges et des Saints dans le ciel, tout ce qu'il y a de grâce et de vertu dans l'Église et tout ce que les chrétiens possèdent en elle, tout cela, chacun le fait sien par la louange.

Ce qui doit aussi nous y conduire, c'est que la louange du Père, du Fils et du Saint-Esprit est l'origine de toute la création ; elle a toujours été, et maintenant encore elle est le principe de toutes les œuvres de Dieu.

4. Il a la preuve de la vraie louange, celui qui se réjouit de tout ce qu'il y a en Dieu ; son cœur trouve plaisir dans l'ordre de l'Église ; dans toutes les œuvres et jugements de Dieu, dans les mœurs divines et les saints exemples de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de tous ses amis ; il en parle, pour les glorifier et les faire connaître aux autres. De même celui qui conçoit une joie spirituelle au sujet des dons de la nature, de l'esprit, ou de la grâce, accordés aux Anges et aux Saints dans le ciel ; et sur la terre à chaque homme en particulier ; et il contribue à les augmenter, autant qu'il lui est possible, toujours et partout.

5. Il a la marque de la fausse louange, celui qui, par ses paroles, glorifie le gouvernement divin, au ciel et sur terre, ainsi que les œuvres des justes, leurs vertus et leur sainte vie, mais en même temps, il blâme tout cela intérieurement. À de telles personnes le Seigneur adresse ces reproches par le prophète Isaïe : « Ce peuple s'approche en paroles et m'honore des lèvres ; tandis qu'il tient son cœur éloigné de moi » (ch. 29, v. 13). Puisqu'ils ne participent pas aux biens du corps de l'Église, ces gens-là en ont été retranchés.

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CHAPITRE XXXVI

La Confiance



1. La confiance véritable et parfaite, c'est l'assurance intérieure que le Dieu tout-puissant et fidèle ne délaisse jamais ses amis conformément à cette parole de l'Ecclésiastique : « Personne n'a espéré dans le Seigneur et n'a été confondu. Qui donc est resté fidèle à ses préceptes et a été abandonné ? » (ch. 2, v. 1o).

2. Il a la véritable confiance, celui qui est certain que le Bon Dieu est toujours présent aux siens dans leurs tribulations, et qu'il est toujours prêt à les délivrer des tentations, et, après les en avoir délivrés, prêt aussi à les glorifier, selon cette parole : « Je suis avec lui dans la détresse, pour le délivrer et le glorifier » (Ps. 90, v. 15). Ainsi le Seigneur a été avec Daniel dans la fosse aux lions ; avec Noé dans l'arche, avec Joseph dans la citerne, avec les trois jeunes gens dans la fournaise de feu ; et c'est avec beaucoup de bienveillance qu'il les a tous délivrés. Aussi saint Pierre proclame-t-il que « le Seigneur sait délivrer les hommes pieux de l'épreuve » (IIe lettre, ch. 2, v. 9), et Sara nous apprend, au livre de Tobie, ch. 3, v. 21-22, que « quiconque vous honore, ô Dieu, tient pour assuré que sa vie, si elle a été dans l'épreuve, sera couronnée ; s'il a été dans la tribulation, il sera délivré ; et si le châtiment est venu sur lui, il pourra obtenir miséricorde. Car, vous ne prenez pas plaisir à nous perdre, mais après la tempête vous ramenez le calme ; après les pleurs et les larmes, vous répandez la joie exultante ».

Celui-là possède la confiance véritable qui ne doute pas que toutes ses prières et tous ses justes désirs ne soient exaucés. « Si vous allez à Dieu dans ces sentiments, affirme saint Jean Chrysostome (1), et si vous dites : je ne m'en irai pas avant d'avoir reçu, vous recevrez certainement, à la condition que vous demandiez ce qui est digne du Dieu que vous priez, et ce qu'il vous est avantageux de recevoir. » C'est une vertu vraiment digne d'éloge et d'un grand mérite devant Dieu ; et l'apôtre saint Paul nous y exhorte de cette manière : « Ne perdez pas votre confiance : une grande récompense y est attachée » (Lettre aux Hébreux, ch. 10, v. 35).

3. Ceci doit nous conduire à la vraie confiance : Dieu, véritablement prodigue, nous accorde souvent par pure bonté, bonté qu'on ne peut comprendre, et sans aucun désir de notre part, des dons plus grands que nous n'oserions l'espérer. Ainsi, le Père nous a créés à l'image de la Trinité, et son Fils très saint nous a donné sa chair en nourriture, son sang pour breuvage et sa vie comme prix de notre rédemption. Qui jamais eût osé, même une seule fois, imaginer cela ?

La manière dont le Christ repose sur la croix, cela doit aussi nous conduire à la même confiance. « Qui donc, s'écrie saint Bernard (2), ne serait pas entraîné à l'espérance et à la confiance d'être exaucé, s'il remarquait la position du Christ sur la croix ? Voyez sa tête inclinée pour nous baiser, ses bras étendus pour nous embrasser, ses mains percées pour donner libéralement, son côté ouvert pour aimer ; tout son corps étendu pour se livrer entièrement. »

4. C'est une preuve de vraie confiance que de n'avoir pas sur la conscience le remords de péchés mortels. Saint Jean nous l'atteste : « Si notre cœur ne nous condamne pas, adressons-nous à Dieu avec confiance, et nous recevrons de lui tout ce que nous demandons » (Ire lettre, ch. 3, v. 21, 22) ; et nous lisons au sujet de Suzanne que son cœur avait confiance dans le Seigneur » (Daniel, ch. 13, v. 35), parce qu'elle se savait innocente du crime qu'on lui reprochait.

C'est avoir une autre preuve de la vraie confiance que de s'occuper continuellement de bonnes œuvres, et de s'exercer spécialement à l'aumône spirituelle qui consiste à pardonner les injures et à prier beaucoup. « L'aumône, est-il dit au livre de Tobie, ch. 4, v. 11 et 12, délivre de tout péché et de la mort ; elle ne laissera pas l'âme descendre dans les ténèbres ; l'aumône sera, pour tous ceux qui l'auront faite, un grand sujet de confiance devant le Dieu souverain. »

Il a une preuve de vraie confiance au sujet de la rémission de ses péchés, celui qui se voue à une pénitence véritable de ses péchés, pendant qu'il est jeune et en bonne santé. Saint Augustin en témoigne : « Quelqu'un, à la dernière extrémité, veut-il recevoir la pénitence ? il la reçoit ; à l'instant il est réconcilié (avec Dieu) et il meurt. Je vous l'avoue, nous ne lui refusons pas ce qu'il demande, mais nous ne savons pas s'il s'en va de ce monde dans de bonnes conditions. Je ne suis pas certain, je ne veux pas vous tromper, je dis que je ne sais pas Le fidèle qui vit bien, meurt tranquille ; celui qui a été baptisé à la dernière heure meurt tranquille ; celui qui fait pénitence, réconcilié lorsqu'il est en bonne santé, et qui vit chrétiennement dans la suite, celui-là aussi meurt tranquille. Mais celui qui fait pénitence et se réconcilie avec Dieu à la dernière heure, si lui-même meurt rassuré, moi je ne suis pas rassuré... Est-ce à dire qu'il sera damné ? – je ne l'affirme pas. – Alors, je dis qu'il sera sauvé ! – Non plus, – Que dites-vous donc ? – je ne sais pas ; je ne suis pas certain, je ne promets pas, j'ignore. Voulez-vous donc, vous à qui je parle, voulez-vous vous délivrer du doute ? Voulez-vous échapper à l’incertain ? Faites pénitence pendant que vous vous portez bien. En effet, si vous faites vraiment pénitence tandis que vous êtes en bonne santé, lorsque viendra votre dernière heure, hâtez-vous de vous réconcilier. Si vous agissez de la sorte, vous êtes rassuré. Pourquoi êtes-vous rassuré ? Parce que vous avez fait pénitence au moment où vous pouviez encore pécher. Au contraire, si vous voulez faire pénitence alors que vous ne pouvez plus pécher, ce sont les péchés qui vous ont abandonné, et non pas vous qui laissez le péché. Mais, me direz-vous, comment savez-vous si Dieu ne me pardonnera pas ? En vérité, comment ? je l'ignore. Ce dont je parlais tout à l'heure, je le sais ; mais ceci, je ne le sais pas. Et c'est précisément parce que je l'ignore que je vous donne la pénitence : je ne vous la donnerais pas si je savais qu'elle ne vous sert de rien ; et si j'étais sûr qu'elle vous est utile, je ne vous avertirais pas, je ne vous effraierais pas. De deux choses l'une : ou Dieu vous pardonne, ou il ne vous pardonne pas ; qu'en sera-t-il pour vous ? Je l'ignore. Laissez donc l'incertain, et tenez ce qu'il y a de certain. » (S. Augustin) (3).

Voulez-vous obtenir la vraie pénitence, appliquez toutes vos forces aux œuvres spirituelles, conformément à la parole d'Isaïe : « Ceux qui se confient dans le Seigneur prennent de nouvelles forces, ils élèveront leur vol comme les aigles ; ils ne marcheront pas : ils courront ; et s'ils marchent, ils ne se lasseront point » (ch. 40, v, 31). Que ceux qui ont été courageux au labeur corporel soient, désormais, pleins de force pour les travaux spirituels.

5. C'est un signe qu'on manque de confiance que de mésestimer la grâce de la rédemption et de croupir sciemment dans le péché. Il est dit dans l'Évangile : « Nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs ; mais si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, celui-là, il l'exauce » (Jean, ch. 9, v. 31) ; et dans les Psaumes : « Dieu ne m'exaucera pas, si je vois l'iniquité dans mon cœur » (Ps. 65, v. 18 ), et dans le prophète Isaïe : « Vos iniquités ont mis une séparation entre vous et votre Dieu, et vos péchés vous ont caché sa face » (ch. 59, v. 2).

Il a la preuve d'une fausse confiance, celui qui suppose qu'en Dieu, souverainement juste, la miséricorde et la bonté l'emportent à ce point qu'il sauvera, au jour du jugement, indistinctement les bons et les méchants, parce qu'il est mort pour tous. Mais Notre-Seigneur dit le contraire : « Les méchants s'en iront à l'éternel supplice, et les justes à la vie éternelle » (Math, ch. 25, v. 46).

Autres preuves de la confiance qui n'est pas vraie : penser que le pécheur, quand cela lui plait, peut mériter la première grâce ; et croire que celui qui est riche des biens de ce monde aura encore, dans l'autre monde, l'abondance des joies éternelles. Contrairement à cela, nous lisons dans les Psaumes : « Les justes verront (le riche en enfer) et ils seront effrayés ; ils se moqueront de lui : voilà l'homme qui ne mettait pas en Dieu son appui, mais qui se confiait dans la grandeur de ses richesses et se faisait fort de ses vanités » (Ps. 51, v 9).


(1) 24e homélie sur saint Matthieu. P. G. t. 57, col. 313.

(2) Voir : Préface, p. 2.

(3) Livre des 50 homélies, hom. 41. P. L. t. 39, col. 1714-1715.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyLun 7 Mar - 14:36

CHAPITRE XXXVII

Le Mépris du monde



1. Le véritable mépris du monde consiste à renoncer aux biens et au faste du siècle, aux dignités et prélatures spirituelles, à se détacher aussi de toute amitié et des mœurs mondaines, à cause de l'espérance de l'éternelle béatitude. Saint Jean nous y exhorte par ces paroles : « N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde » (IIe lettre, ch. 2, v. 15)

2. Saint Augustin avait ce mépris : il ne prenait aucune joie à tout ce qui se faisait dans le monde ; et tandis qu'il parlait à sa mère avec grande douceur, le monde lui déplaisait et s'avilissait avec tous ses plaisirs (1). Sainte Agnès aussi, sainte Catherine, sainte Cécile et d'autres vierges ont méprisé les royaumes de ce monde et tout l'éclat du siècle à cause de l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

3. Le monde, à la fin, est tellement infidèle à ceux qui l'aiment que cela doit nous exciter à le mépriser et à le haïr lui-même ! Les hommes du monde ont-ils été fidèles à leur Créateur ? Au jour des Rameaux, c'est glorieusement qu'ils le reçoivent ; ils sortent au-devant de lui, et chantent : « Hosanna au fils de David, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Matt., ch. 21, v. 9). Peu de temps après, le vendredi, ils paraissent devant Pilate en criant : Qu'il soit crucifié, qu'il soit crucifié ! « si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne vous l'aurions pas livré » (Jean, ch. 18, v. 30). Et tandis qu'il était attaché à la croix, ils se moquent de lui : « Sauve-toi toi-même ; si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix » (Matt., ch. 27, v. 40). Ils l'avaient reçu avec des palmes, des fleurs et du feuillage, puis ils l’ont couronné d'épines verdoyantes, et frappé avec des verges. Ils avaient étendu leurs vêtements sur sa route, ils le dépouillèrent de ses vêtements devant la croix ; les honneurs qu'ils lui avaient rendus, ils les changèrent en outrages.

Les dangers qui proviennent de l'amour du monde doivent aussi nous pousser à haïr le monde et à le mépriser. « Ne savez-vous pas, au témoignage de saint Jacques, que l'amitié du monde c'est l'inimitié contre Dieu ? Quiconque veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu » (ch. 4, v. 4). De plus, le monde a haï le Seigneur Jésus et tous ses amis. Lui-même l'avait annoncé aux apôtres pour leur consolation : « Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous » (Jean, ch. 15, v. 17).

4. Il prouve qu'il méprise vraiment le monde, celui qui ne prête pas attention à la noblesse de la naissance, qui ne cherche pas les plaisirs, et qui ne souhaite ni les richesses ni les honneurs. Tel fut Moïse, dont il est dit dans l'épître aux Hébreux, ch. 11, v. 24-26 : « C'est par la foi que Moïse, devenu grand, renonça au titre de fils de la fille de Pharaon (voilà le mépris de la noblesse), aimant mieux d'être maltraité avec le peuple de Dieu que de jouir des délices passagères du péché (c'est contre le plaisir), il considéra l'opprobre du Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l'Égypte (mépris des richesses), car il avait les yeux fixés sur la récompense. »

Une autre preuve que l'on méprise le monde, c'est de n’être point charmé par ses flatteries ni effrayé par ses menaces, ni ému par les louanges des hommes ou leurs reproches. Saint Paul pratiquait ce mépris du monde quand il s'écriait : « J'ai voulu tout perdre et j'ai considéré toutes choses comme de l'ordure, afin de gagner le Christ » (lettre aux Philipp., ch. 3 ; v. 8 ).

5. Une preuve que l'on ne méprise pas vraiment le monde, c'est de ne commencer à s'abstenir de son amour et de ses séductions que lorsqu'on ne peut plus s'y adonner, à cause de la vieillesse ou de la pauvreté ; dans ce cas, on n'abandonne pas le monde, mais c'est par lui qu'on est abandonné. Combien, hélas ! qui ne cessent de pécher alors seulement qu'ils ne peuvent plus le faire !


(1) Confessions, livre 9, ch. 10. P. L. t. 32, col. 774-775.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyMar 8 Mar - 13:59

CHAPITRE XXXVIII

La Mortification



1. II y a véritable mortification de la chair à châtier volontairement son corps par des jeûnes et des veilles, par la prière, par des cilices et des disciplines, par l'abstinence de nourriture et de boissons agréables ; et cela, afin que la chair soit, en tout, soumise à esprit.

2. Saint Paul le faisait : « Je traite durement mon corps et je le réduis en servitude, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même, réprouvé » (Ire lettre aux Cor., ch. 9, v. 27). Et la veuve Judith, jeune, belle et riche, après avoir vécu avec son mari pendant trois ans et six mois (1), portait un cilice sur les reins, et elle jeûnait tous les jours, excepté les jours de fête.

3. Ce qui doit nous conduire à aimer la macération, c'est la grande utilité qu'on en retire. En effet grâce à la macération de la chair, l'esprit se fortifie dans les œuvres spirituelles. « Lorsque je suis faible (selon la chair), disait saint Paul, c'est alors que je suis fort » (selon l'esprit) (IIe lettre aux Cor., ch. 12, v. 10). À l'opposé, la sensualité émousse la vigueur de l'âme et la consume » (2).

4. Une preuve de véritable mortification, c'est de n'accorder à son corps aucun plaisir, mais seulement ce qui lui est nécessaire. « Nous ne sommes pas redevables à la chair », nous dit saint Paul (Rom., ch. 8, v. 12). Le plaisir exige beaucoup plus de délices que n'en requiert la nécessité : celle-ci se contente de peu. Et l'apôtre indique immédiatement les maux, conséquence de la volupté : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si, par l'esprit, vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez » (v. 13), « Et les œuvres de la chair sont manifestes, à savoir : l'impudicité, l'impureté, le libertinage, l'idolâtrie, les maléfices, les inimitiés, les contentions, les jalousies, les emportements, les disputes, les dissensions, les sectes, l'envie, l'homicide, les excès de table et autres choses semblables. Je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent de telles choses n'hériteront pas du royaume de Dieu » (Galates, ch. 5, v. 19-21).

Une autre preuve de mortification, c'est de « haïr sa vie en ce monde », d'après le conseil du Christ (Jean, ch. 12, v. 25). Le Seigneur lui-même ne dit-il pas : « Si quelqu'un vient à moi et ne hait son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs, jusqu'à son âme elle-même, il ne peut être mon disciple » (Luc, ch. 14, v. 26) ; ce que saint Grégoire expose ainsi : « C'est alors que nous haïssons notre âme de la bonne manière, lors nous n'acquiesçons pas à ses désirs charnels, lorsque nous brisons ses instincts et que nous résistons à ses voluptés. La chair ainsi méprisée s'améliore comme si nous l'aimions par cette haine même » (3). Celui qui ne met pas un frein aux concupiscences de sa chair se précipite dans les filets du diable ; il est écrit : « Si tu accordes à ton âme la satisfaction de ses convoitises, elle fera de toi la risée de tes ennemis » (Eccli., ch. 18, v. 30). C'est ainsi que Dalila avait livré aux Philistins, pour être leur jouet, Samson dans toute sa force (Juges, ch. 14, v. 18 ).

5. Il n'a pas la marque de la véritable mortification celui qui s'abstient uniquement des plaisirs de la table sans refuser à sa langue les paroles mauvaises, à ses sens les délectations, et à son cœur les pensées et les affections coupables. Inutile de se restreindre dans la nourriture, si les cinq sens et le cœur se repaissent de délices. Saint Jean Chrysostome (4) dit à ce propos : « S'abstenir de manger tout en faisant le mal, c'est imiter les démons : ils ne prennent pas de nourriture, mais ils ont toujours avec eux leur méchanceté. »


(1) Cette période de trois ans et demi ne désigne pas, d'après le livre même de Judith, le temps pendant lequel Judith demeura avec son mari, mais le temps qu'avait duré son veuvage lorsque Holopherne assiégeait Béthulie. Voici le texte sacré : « Il y avait déjà trois ans et six mois que Judith était restée veuve... ; les reins couverts d'un cilice, elle jeûnait tous les jours à l'exception des jours de fête » (Judith, ch. 8, v. 4, 6, 7).

(2) L'auteur a déjà cité cette parole, qui n'est pas de saint Augustin ; voir p. 187. - P. L. t. 40, col. 1076.

(3) 37e homélie sur les Évangiles, P. L. t. 76, col. 1276.

(4) On trouve ce texte dans les Homélies de saint Éloi, hom. IIe P. L. t. 87, col. 633. – Au jugement de M. Vacandard, ces homélies sont apocryphes (Dict. de Th. Cath., fasc. 33, col. 2345), et d'un auteur du IXe siècle, qui a emprunté, sans le dire, les paroles de saint Isidore (2e livre des Sentences, ch. 44. P. L. t. 83, col. 652).

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyMer 9 Mar - 14:57

CHAPITRE XXXIX

La Contrition



1. et 2. La contrition véritable est une douleur que l'on conçoit volontairement de ses péchés, à proportion de leur nombre et de leur gravité, avec la résolution de s'en confesser et de faire pénitence. Cette douleur provient de la pure grâce de Dieu, car la douleur naturelle ou sans la grâce est inutile et n'a point de valeur. L'intensité de cette douleur est exprimée de la sorte par Jérémie : « Prenez le deuil comme pour un fils unique » (ch. 6, v. 26), et c'est elle que le Seigneur prescrivait par cet ordre de Joël : « Déchirez vos cœurs » (ch. 2, v. 13). Ce déchirement intérieur, les épines, les clous, les verges, la croix et la lance qui ont déchiré le corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sont bien capables de le produire.

Au témoignage de saint Grégoire, la vraie contrition est rare. Il en est, sachez-le, qui vont jusqu'à quitter le monde et qui donnent tout ce qu'ils possèdent, et cependant, dans leurs bonnes actions, ils n'ont pas la componction. Il ne faut pas toujours croire, non plus, à une contrition véritable dès qu'apparaissent des larmes et des gémissements, qui proviennent, ordinairement, de la crainte de l'enfer, de la considération d'un dommage quelconque, ou d'une douleur et d'une compassion naturelles, au souvenir de l'énormité de ses péchés ou des souffrances cruelles du Christ Jésus. Une contrition véritable exige la douleur de tous les péchés commis et de tout le bien qu'on n'a pas fait, de toutes les grâces qu'on a négligées pour soi-même et pour toute l'Église, la douleur aussi du mal et des négligences qu'on a pu occasionner.

3. Pour nous exciter à la vraie contrition, pensons, avec foi, à ce que le péché nous fait perdre : le Saint-Esprit et ses dons, toutes les grâces qui, nous rendaient agréables à Dieu, l'amitié de la Trinité, la participation à la cour céleste ; pensons également à ce que nous méritons par le péché : la mort éternelle, la malédiction de Dieu le Père : « Ils sont maudits, ceux qui s'écartent de vos commandements », dit le Psalmiste (Ps. 118, v, .21) ; la haine de Notre-Seigneur Jésus-Christ : il hait tous ceux qui font l'iniquité ; l'éloignement de l'Esprit-Saint : « Celui-ci s'écarte des pensées dépourvues d'intelligence » (Sagesse, ch. 1, v. 5), et des œuvres mauvaises, à plus forte raison. Et la malédiction du Père, la haine du Christ et l'éloignement du Saint-Esprit sont pires que les châtiments de l'enfer, et plus horribles, comme le dit saint Jean Chrysostome (1).

Les grands avantages qui en proviennent doivent aussi nous conduire à la contrition. La plus petite contrition efface toutes les taches de l'âme, elle détruit la mort éternelle, elle apporte la bénédiction du Père, elle rend, avec l'amitié du Fils de Dieu, la familiarité du Saint-Esprit et la société des citoyens du ciel. Si petite qu'elle soit, la contrition satisfait plus que les aumônes les plus abondantes. Peser souvent tout cela dans la balance de votre cœur, et cela vous mènera à la componction véritable.

4. Il a la preuve de la vraie contrition, celui qui déteste à ce point l'impureté du péché, qu'il choisirait tous les tourments du purgatoire plutôt que de commettre un péché contre Dieu bon au suprême degré ; ou encore, celui qui s'offrirait aux peines de l'enfer (ainsi qu'Eléazar, 2e livre des Mach., ch. 6) pour ne plus commettre un péché de propos délibéré – et c'est ce premier parti qu'il faut choisir, remarque saint Augustin (2) – celui-là aussi qui, bien volontiers, supporterait tous les supplices des martyrs, afin de mériter, par là, de ne plus jamais commettre de péché ; enfin celui qui, pour expier dignement l'offense faite à Dieu, s'offrirait à toutes les épreuves de la maladie et de la pauvreté.

5. Et voici la preuve d'une fausse contrition : avoir une vive douleur de ses péchés et ne pas craindre, après les avoir pleurés, d'en commettre de nouveau, les mêmes ou d'autres encore. « Celui qui se purifie, dit l'Ecclésiastique, ch. 34, v. 25 après avoir touché un cadavre, s'il le touche encore, que lui sert-il de s'être purifié ? » De même, s'affliger des péchés passés et ne pas prendre la résolution de renoncer, par exemple, à l'orgueil ou à l'envie, à une amitié charnelle, aux plaisirs de la chair, ou à ce que l'on possède injustement, « le péché n'est pas remis, dit saint Augustin, si l'on ne restitue pas ce que l'on a enlevé » (3). L'Ecclésiastique s'élève contre cette fausse contrition : « L'un détruit et l'autre bâtit ; qu'en retirent-ils, sinon de la peine ? » (ch. 34, v. 23). Il détruit, celui qui s'attriste de ses fautes, mais il bâtit, celui qui demeure dans la volonté de pécher : une contrition pareille, saint Augustin la décrit en ces termes : « La volonté perverse a donné naissance à la passion, et tandis qu'on se faisait l'esclave de la passion, l'habitude s'est créée, et comme on ne résistait pas à l'habitude, c'est devenu une nécessité » (4).


(1) Dans l'homélie 7 sur l'épître aux Éphésiens : P. G. t. 62, col. 27, Saint Jean Chrysostome enseigne que la perte du royaume des cieux est pire que l'enfer ; de même, col. 281.

(2) Les références indiquées par les éditeurs : traité 2, 11 sur saint jean, ne sont pas exactes. Il s'agit peut-être de ce passage de saint Augustin où il dit que, devant les menaces du persécuteur, il faut choisir la mort plutôt que de transgresser les commandements de Dieu. Traité 51 sur saint Jean. P. L. t. 39, col. 1767

(3) Lettre à Macédonius P. L. t. 33, col. 662.

(4) Confessions, liv. 8, ch. 5. P. L, t. 32, Col. 753.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyJeu 10 Mar - 14:16

CHAPITRE XL

La Confession



1 et 2. La confession véritable consiste à manifester, sincèrement et sans rien voiler, ses péchés au prêtre qui a les qualités requises par les lois (de l'Église). Notre-Seigneur (1) a imposé cette confession, en disant aux lépreux : « Allez, montrez-vous aux prêtres » (Luc, ch. 17, v. 14). Et saint Jacques : « Confessez donc vos fautes l'un à l'autre » (ch. 5, v. 16)

Une confession conforme à la vérité exige qu'elle soit entière, pure, discrète, fidèle et parfaite, selon cette parole des Lamentations de Jérémie : « Répandez votre cœur comme de l'eau devant la face du Seigneur » (ch. 2 v.19).

Le fait de « répandre » indique l'intégrité. Car les péchés dont on ne s'est jamais confessé, on ne doit pas intentionnellement les dire goutte à goutte, mais tous les péchés auxquels on peut penser, en même temps, il faut les répandre tous ensemble, devant un seul prêtre (2).

« Comme de l'eau », cela désigne la simplicité et la pureté de la confession. On ne doit pas faire sa confession par crainte servile ou par force, mais purement à cause de Dieu.

« Répandez votre cœur », on exprime par là la discrétion. Il n'y a pas que les paroles et les actes, ni les péchés d'omission ou de commission à confesser, il faut dire aussi les pensées mauvaises et les affections auxquelles on s'arrête, les intentions désordonnées ainsi que la volonté de nuire, les jugements malveillants et les soupçons téméraires. Car, au grand jour du jugement, dit Origène (3), ce sont les pensées qui accuseront les âmes et les défendront, non pas les pensées que nous aurons, alors, mais celles que nous avons maintenant en nous et dont la marque restera imprimée dans notre cœur comme sur de la cire.

« Devant la face du Seigneur », cela fait allusion à la fidélité de la confession et à sa perfection. Car il faut considérer toutes choses comme Dieu lui-même les connaît : là où nous ne reconnaissons qu'un péché lui dans sa sagesse, en connaît beaucoup.

3. Ce qui doit nous conduire à la confession véritable, c'est la rémission certaine des péchés et la purification de l'âme : « Si nous confessons nos péchés, écrit saint Jean (Ire lettre, ch. 1, v. 9), Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de notre iniquité. » De plus, la confession force le Père, le Fils et le Saint-Esprit au pardon et à la rémission, d'après cette parole : « Sans doute, Dieu connaît tout, il attend cependant les mots de l'aveu » (4). Car le Christ a de bonnes raisons d'intervenir en votre faveur ; le Père aussi a des motifs de pardonner, et tout ce que veut le Fils, le Père le veut, et le Saint-Esprit également.

4. Il a la preuve que sa confession est véritable, celui qui répand tous ses péchés comme l'eau, sorte qu'il n'en reste ni couleur comme dans l'effusion du lait, ni épaisseur ou saveur comme lorsqu'on répand de l'huile ou du sang, ni odeur comme dans l'effusion de vin ou de vinaigre. Il reste la couleur quand on avoue le péché sans dire l'occasion ou la provocation au mal, comme dans la gourmandise ou l'impureté. Il reste l'épaisseur ou la saveur, lorsqu'on dit ses péchés, mais en gardant sous silence l'intensité ou la durée des plaisirs qui absorbent totalement la raison ; il est écrit : (le péché) est entré comme l'eau au-dedans de lui, et comme l'huile il pénètre dans ses os (Ps. 108, v. 18 ). Enfin, il reste l'odeur du péché, lorsqu'on se confesse, sans parler de son déshonneur ou du mauvais exemple et du scandale d'autrui. Au contraire, celui qui se confesse bien, manifeste, avec son péché lui-même, ce qui l'a précédé et ce qui l'a suivi.

Confesser ses péchés avec nombre, poids et mesure, c'est la marque d'une confession véritable. On doit confesser le nombre de ses péchés ou leur fréquence, – parce qu'une blessure qui se renouvelle souvent est aussi plus lente à guérir ; leur mesure, c'est-à-dire leur durée : une maladie plus longue amène une mort plus rapide ; on doit enfin dire le poids ou la gravité du péché, car les circonstances de temps, de lieu (cimetière ou église), ou de personne (si c'est un clerc que l'on frappe ; si on commet un péché avec une personne consacrée à Dieu ou une femme mariée), rendent le péché plus grave.

5. Il a la preuve que sa confession n'est pas véritable, celui qui se confesse pour qu'on ne dise pas de lui qu'il n'a pas la foi, ou pour être estimé plus saint, ou pour qu'on ne lui refuse pas, à sa honte, la sainte communion. Ainsi la confession de Saül ne fut pas véritable ; il avait peur que le prophète Samuel ne le remplit de confusion devant le peuple (Ier livre des Rois, ch. 13, v. 8-13).


(1) Il y a d'autres paroles de Notre-Seigneur, qui fondent, mieux que celles-là, la nécessité de la confession : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel » (Matth., ch. 18, v. 18 ). Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez » (Jean, ch. 2, v.23).

(2) Le P. Truillet, pour rendre ce passage plus intelligible, l'a traduit largement ; voici sa traduction : « Répandez, ce qui signifie l'intégrité de la confession, car il n'est point permis de distribuer entre plusieurs prêtres les péchés graves qu'on n'a jamais accusés, ce qui n'est point répandre ses fautes, mais les laisser couler, pour ainsi dire, goutte à goutte. Il faut, au contraire, répandre aux pieds d'un seul et même prêtre tout ce dont notre mémoire nous rappelle, en ce moment même, le souvenir », p. 250, 251 ; et P. Berthier, p. 228, 229.

(3) Sur le 2e ch. de l'épître aux Rom. P. G. t. 14, col. 894.

(4) L'auteur ne nomme pas saint Ambroise, auquel il semble bien avoir emprunté cette phrase, en la changeant un peu. Au ch. 7 du 2e livre sur la Pénitence, saint Ambroise s'exprimé ainsi : « Le Seigneur sait tout, mais il attend votre parole, non pour vous punir, mais pour vous pardonner : Novit omnia Dominus, sed exspectat vocem tuam, non ut puniat, sed ignoscat. » P. L. t. 16 col. 510.

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MessageSujet: Re: Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme   Saint Albert le Grand + Le paradis de l'âme - Page 2 EmptyVen 11 Mar - 15:01

CHAPITRE XLI

La Pénitence



1. La pénitence extérieure (1) véritable consiste à s'abstenir des plaisirs permis, lorsque, comme dit l'Écriture, on demande pardon pour les plaisirs défendus.

2. Ainsi, les pénitents et les convertis qui s'enferment dans les cloîtres, s'abstiennent de viande, rejettent les vêtements trop doux, observent des jeûnes, s'appliquent aux veilles, se frappent à coups de discipline, gardent le silence, brisent leur volonté propre et s'abstiennent de beaucoup de choses agréables qui leur seraient permises s'ils n'avaient point commis de péchés. Cette pénitence, Notre-Seigneur l'a prescrite, saint Jean-Baptiste aussi, par ces paroles : « Faites pénitence, parce que le royaume des cieux est proche » (Matt., ch. 3, v. 2 ; ch. 4, v., 17).

3. La nécessité de la pénitence doit nous exciter à la pratiquer vraiment, car, au dire de Notre-Seigneur, sans elle il n'y a pas de salut : « Si vous ne faites pas pénitence, vous périrez tous » (Luc, ch. 13, v. 5). « Aucune iniquité, petite ou grande, ne peut être impunie » (S. Augustin) (2). Aussi Dieu a-t-il imposé à David une pénitence pour son péché, parce qu'il avait fait le dénombrement de son peuple : il aurait à supporter ou bien sept années de famine dans le pays, ou trois mois de vengeance de la part de ses ennemis, ou encore trois jours de peste. Et David choisit pour lui-même et pour son peuple la plaie commune de la mort (IIe livre des Rois, ch. 24, v. 10-16). Cela veut dire que nécessairement tout homme sera puni de ses péchés : en enfer que signifient les sept années de famine, ou au purgatoire figuré par les trois mois de violence des ennemis, ou par une peine temporelle que désigne la peste de trois jours. Il nous est donc utile de choisir la pénitence la plus légère et qui passe rapidement.

4. Mesurer justement la peine à la faute, c'est une preuve de la vraie pénitence. La gravité du châtiment et sa quantité correspondront à la gravité de la faute ; l'amertume de la peine sera proportionnée à la jouissance du péché, l'une doit durer autant que l'autre, et les châtiments seront aussi nombreux que la multitude même des péchés, conformément à cette parole de Jean-Baptiste : « Faites de dignes fruits de pénitence » (Matt. ch. 3, v. 8 ). Les maladies du corps n'ont-elles pas, chacune, leur remède ? Et aucun traitement n'est tellement efficace, qu'il guérisse toutes les maladies ; de même chaque espèce de péché a une pénitence spéciale. On ne corrige pas directement l'orgueil par l'aumône, ni la rancune ou l'envie par la prière, ni l'avarice par le jeûne, ni l'impureté par les veilles, etc. Mais, directement, c'est par l'humilité qu'on se punit de son orgueil, c'est par d'abondantes aumônes qu'on répare l'avarice, l'impureté s'expie par les cilices et les disciplines qui châtient le cops, le jeûne satisfait pour la gourmandise, la prière pour les bavardages, la charité et le pardon des injures réparent l'envie, et on satisfait directement en rendant ce que l'on a pris ou ce que l'on possède injustement, etc.

Si vous ne pouvez observer parfaitement cet ordre dans la satisfaction pour vos péchés, alors Dieu accepte, par bonté, n'importe quelle réparation. Vous est-il impossible de restituer des biens que vous possédez injustement, dans ce cas le jeûne a valeur de satisfaction ; vous ne pouvez pas jeûner, la prière est efficace ; la maladie vous empêche de prier, il suffit à Dieu de votre bonne volonté (saint Jean Chrysostome).

5. Le Pape Innocent II indique les marques de la fausse pénitence : « Elle est fausse, la pénitence de celui qui ne se retire pas d'un office ou d'une affaire (3) qu'il ne peut accomplir sans péché ; elle fausse encore, si le pénitent porte de la haine dans son cœur, s'il ne rend pas satisfaction, à tous ceux qu'il a offensés, ou s'il ne pardonne pas à celui qui l'offense, ou s'il porte des armes injustement » (4). De même, c'est une fausse pénitence, quand on se corrige d'un seul péché sans se soucier des autres.


(1) L'auteur a parlé, au ch. 39, de la pénitence intérieure ou contrition... À quel texte de l'Écriture fait-il allusion ici ?

(2) Sur le Ps. 58. P. L. t. 36, col. 701.

(3) Il s'agit, d'après le 9e canon du second Concile de Latran, tenu en 1139, d'affaires de commerce, et de fonction à remplir devant le tribunal. Il est interdit aux moines et aux chanoines réguliers d'étudier la jurisprudence et de plaider.

(4) Canon 22e du Concile de Latran. Denzinger, Enchiridion, 10e édit., 1908, n° 366.

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CHAPITRE XLII

La Persévérance



1. La persévérance véritable, c'est l'exercice fréquent des bonnes œuvres, le goût continuel de la perfection, et la garde attentive, jusqu'à la mort, des grâces spirituelles et des vertus. Le Seigneur nous y invite, dans l'Apocalypse, ch. 2, v. 10 : « Soyez fidèle jusqu'à la mort, et je vous donnerai la couronne de vie. ».

2. Job avait cette persévérance, lorsqu'il disait : « Jusqu'à mon dernier soupir, je ne m'écarterai pas de mon innocence » (ch. 27, v. 5) ; Tobie aussi : il cachait dans sa maison les corps des défunts, et les ensevelissait la nuit, malgré l'ordre du roi de le dépouiller de ses biens et de le mettre à mort, à cause de cela même (ch. 1, v. 22).

3. Les avantages considérables qui proviennent de la persévérance doivent nous exciter à l'aimer. C'est elle qui couronnera toute bonne action et toute vertu, et notre salut repose tout entier sur elle, d'après cette parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé » (Matt., ch. 10, v. 22).

Sans la persévérance, aucune vertu, aucune action n’est digne de récompense. Sans la persévérance, toute perfection est réduite à néant. À quoi bon, pour Judas, apôtre, mais traître, d'avoir été choisi et tiré du monde par Notre-Seigneur ? À quoi lui a servi la longue familiarité avec Jésus-Christ ? Et les saintes prédications qu'il avait souvent entendues ? Inutiles, les exemples, les vertus et les miracles dont il avait été témoin ! À quoi lui a servi la société des apôtres, et la grâce, à lui donnée, pour prêcher et faire des miracles ? À lui aussi en même temps qu'aux autres apôtres Notre-Seigneur avait dit : « Allez, annoncez que le royaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, et chassez les démons » (Matt. ch.10, v. 7, 8 ).

4. Il a la preuve de la vraie persévérance, celui que rien ne détourne de la justice : ni l'amour de cette vie, ni la crainte de la mort, ni menaces ni promesses. Ainsi, Suzanne, qui n'avait pas peur de mourir, disait : « Si je fais cela (le péché), c'est la mort pour moi » (Daniel, ch. 13, v. 22). Et Mathathias : « Quand bien même toutes les nations obéiraient au roi Antiochus, – chacune abandonnant le culte de ses pères –, et se soumettraient à ses ordres ; moi, mes fils et mes frères, nous obéirons à la loi de nos pères. Que Dieu nous soit propice » (Ier livre des Mach., ch. 2, v. 19-20).

5. C'est une marque de fausse persévérance que de présumer de sa perfection et de croire qu'on ne peut plus tomber. Cela donne un sentiment de liberté qui incite à ne plus se garder soi-même, et alors, il est impossible qu'on puisse persévérer dans la sainteté. Supposez que les Apôtres soient dans le monde et ne se gardent pas eux-mêmes ; ils pourraient faillir aussi. Vous avez l'exemple de David, qui devint adultère et homicide, parce qu'il fut négligent à surveiller ses regards (IIe livre des Rois, ch. 11, v. 1-4, 15-24).

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