Commentaire par Saint Thomas d'Aquin.
Verset 27
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S. Jean Chrysostome :
(hom. 39.) Ce que le Sauveur vient de dire: « Je vous rends gloire, mon Père, de ce que vous avez caché ces choses aux sages, » pouvait laisser penser qu’il rendait grâces à son Père, comme s’il était lui-même privé de cette puissance; il ajoute donc pour prévenir cette idée: « Mon Père m’a mis toutes choses entre les mains. »
Que ces paroles: « Toutes choses m’ont été données par mon Père, » ne vous fassent soupçonner rien de naturel et d’humain; Notre Seigneur ne s’en est servi que pour détruire la pensée qu’il existe deux dieux non engendrés; car c’est en même temps qu’il a été engendré qu’il est devenu le Maître de toutes choses.
S. Jérôme :
Si nous entendions ces paroles d’après nos faibles idées, il faudrait admettre que celui qui donne cesse d’avoir au moment où celui qui reçoit commence à posséder. Ou bien par les choses qui lui sont remises entre les mains, il faut entendre non pas le ciel, la terre, les éléments, et toutes les autres choses qu’il a faites et créées, mais ceux qui, par le Fils ont accès auprès du Père.
S. Hilaire :
(can. 11.) Ou bien encore, il s’exprime de la sorte, pour prévenir toute pensée qu’il soit en rien inférieur à son Père.
S. Augustin :
(cont. Maximin.) S’il était en quelque chose moins puissant que son Père, il n’aurait pas à lui tout ce qu’à son Père; mais le Père, en engendrant son Fils, lui a donné la puissance, comme aussi par le même acte il a donné tout ce qui fait partie de sa substance à celui qu’il a engendré de sa propre substance.
S. Hilaire :
(can. 11.) Ensuite, dans cette mutuelle connaissance du Père et du Fils, il nous donne à comprendre qu’il n’y a pas autre chose dans le Fils que dans le Père qui soit resté inconnu. « Et personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils. »
S. Jean Chrysostome :
(hom. 39.) En disant que seul il connaît le Père, il nous démontre indirectement qu’il lui est consubstantiel, comme s’il disait: « Qu’y a-t-il d’étonnant que je sois le Maître de toutes choses, alors que j’ai en moi quelque chose de plus grand encore, c’est-à-dire que je connais mon Père, et que j’ai avec lui une seule et même substance ?
S. Hilaire :
Il nous enseigne que l’identité de nature, dans l’un et dans l’autre, est renfermée dans cette mutuelle connaissance de l’un et de l’autre, de manière que celui qui connaît le Fils connaîtra le Père dans le Fils; car toutes choses lui ont été données par le Père.
S. Jean Chrysostome :
(sur S. Matth.) Ces paroles: « Personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, » signifient non pas que tous ignorent le Père absolument, mais que personne ne le connaît de la même manière qu’il le connaît lui-même, ce que l’on doit dire du Fils également; car il n’est pas question ici d’un Dieu inconnu, comme le prétend Marcion.
S. Augustin :
(de la Trinité, liv. 1, chap. 8.) Enfin, comme la nature divine est inséparable, il suffit quelquefois de nommer le Père seul, ou le Fils seul, sans qu’on sépare pour cela l’Esprit de l’un et de l’autre, Esprit qu’on appelle proprement Esprit de vérité (Jn 14, 17; 15, 26; 16, 13).
S. Jérôme :
Que l’hérétique Eunomius rougisse donc de son orgueilleuse prétention, qu’il a lui-même du Père et du Fils une connaissance aussi étendue que le Père et le Fils l’ont eux-mêmes l’un de l’autre; qu’il cherche à soutenir et à consoler sa folle prétention, en s’appuyant sur les paroles suivantes: « Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler, » toujours est-il vrai qu’autre chose est de connaître par égalité de nature, autre chose de ne connaître que par la grâce d’une révélation.
S. Augustin :
(de la Trinité, liv. 7, chap. 3.) Or, le Père se révèle par son Fils, c’est-à-dire par son Verbe; car si ce verbe que nous proférons, tout passager et transitoire qu’il est, se révèle lui-même et révèle notre propre pensée, à combien plus forte raison le Verbe de Dieu par qui toutes choses ont été faites ! Il fait donc connaître le Père tel qu’il est, parce qu’il est lui-même ce qu’est le Père.
S. Augustin :
(Quest. évang., liv. 2, chap. 1) En prononçant ces paroles: « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, » il n’a pas dit: Et celui à qui le Père aura voulu le révéler; mais après avoir dit: « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, » il ajoute: « Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler; » paroles qu’il ne faut pas entendre dans le sens que le Fils ne puisse être connu autrement que par le Père.
Quant au Père, il peut être connu non-seulement par le Fils, mais encore par ceux à qui le Fils l’aura révélé. S’il a choisi de préférence cette manière de s’exprimer, c’est pour nous faire comprendre que le Père et le Fils nous sont connus par la révélation du Fils, parce qu’il est lui-même la lumière de notre intelligence. Les paroles suivantes: Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler, doivent s’entendre non-seulement du Père, mais encore du Fils; car elles se rapportent à tout ce qui précède.
C’est par son Verbe, en effet, que le Père se fait connaître; mais le Verbe ne révèle pas seulement ce qu’il est chargé de faire connaître, il se révèle encore lui-même.
S. Jean Chrysostome :
(hom. 39.) Si donc il fait connaître le Père, il se fait connaître en même temps lui-même, mais il passe sous silence comme assez claire cette dernière vérité, et il s’attache à la première sur laquelle il pouvait y avoir des doutes. Il nous enseigne en même temps qu’il est tellement d’accord avec son Père, qu’il n’est pas possible d’arriver au Père si ce n’est par le Fils; car ce qui scandalisait surtout les Juifs, c’est qu’il leur paraissait en opposition avec Dieu, et il s’applique de toute manière à détruire cette erreur.
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" Nihil Deo et angelis gratius animae conversione."
" Rien n'est plus agréable à Dieu et aux Anges que la conversion d'une âme."
Saint Ambroise, évêque de Milan.