Le 6 septembre, à 10h00, eut
lieu une ”célébration eucharistique” au Sanctuaire de la Divine Miséricorde de
Cracovie, lieu dans lequel
Ratzinger-Benoît XVI était venu lors de son
voyage en Pologne en mai 2006. Lors de cette ”célébration”, il y eut deux
homélies : une du Cardinal
Dziwisz et une du métropolite
Serafim de l’Église Orthodoxe de Roumanie.
Intérieur au goût plus que douteux du Sanctuaire de la
Divine Miséricorde de Cracovie.
A 12h00, il fut établi une liaison
audiovisuelle en direct avec
Ratzinger-Benoît XVI, qui, lors de l’Angelus, envoya ses bons vœux à cette rencontre
interreligieuse :
Voici le texte lu par
Ratzinger-Benoît XVI aux
personnes assemblées à Cracovie :
Je désire
adresser un message cordial aux participants au Congrès international « Hommes
et religions » qui se tient à Cracovie sur le thème : « Religions et cultures
en dialogue ».
De
nombreuses personnalités et représentants des différentes religions sont réunis
- à l’invitation de l’Archidiocèse de Cracovie et de la Communauté de Sant’Egidio - pour réfléchir et prier en faveur de la paix,
soixante-dix ans après le déclenchement de la seconde Guerre mondiale. Nous ne
pouvons pas ne pas rappeler les événements dramatiques qui ont accompagné le
début d’un des plus terribles conflits de l’histoire, un conflit qui a fait des
dizaines millions de morts et a causé tant de souffrances au peuple polonais
bien-aimé ; un conflit qui a vu la tragédie de l’Holocauste et l’extermination
de tant d’autres innocents.
La
mémoire de ces événements nous incite à prier pour les victimes et pour ceux
qui en portent encore les blessures dans leur corps et dans leur cœur ; qu’elle
soit un avertissement pour tous à ne plus jamais répéter de tels actes de
barbarie et à intensifier leurs efforts pour édifier en notre temps – un temps
encore marqué par les conflits et les affrontements – une paix durable, en transmettant
en particulier aux nouvelles générations une culture et un style de vie
inspirés par l’amour, la solidarité et l’estime de l’autre. Dans cette
perspective,
l’apport que les religions peuvent et doivent donner est
particulièrement important afin de promouvoir le pardon et la réconciliation,
et de lutter contre la violence, le racisme, le totalitarisme et l’extrémisme
qui défigurent l’image du Créateur dans l’homme, en effaçant l’horizon de Dieu,
et qui conduisent ainsi au mépris de l’homme. Que le
Seigneur nous aide à construire la paix, en partant de l’amour et de la
compréhension mutuelle (cf. Caritas in veritate).
Une nouvelle fois,
Ratzinger-Benoît
XVI prêche l’inverse de ce qu’a toujours enseigné l’Église catholique. La
véritable paix ne pourra s’établir que par la Royauté Sociale de Notre Seigneur
Jésus-Christ et par la prédication des préceptes évangéliques et non par une
collaboration entre toutes les religions du monde. Ce discours – en phase avec
sa dernière ”encyclique” – est une étape de plus dans la formation d’un
gouvernement mondial et d’une religion universelle.
Voici à l’inverse ce
qu’enseignait le Pape
Benoît XV dans son Encyclique
Ad
beatissimi apostolorum du 1er novembre 1914 :
[...]
la société humaine court à sa ruine, si Dieu ne se hâte de lui venir en aide.
Voici
en effet ce que Nous voyons : absence de bienveillance mutuelle dans les
rapports des hommes entre eux ; mépris de l'autorité ; luttes injustes des
différentes classes de citoyens ; appétit désordonné des biens périssables,
comme s'il n'y en avait pas d'autres, supérieurs de beaucoup, proposés à
l'activité humaine. Tels sont, à Notre avis, les quatre chefs de désordre, d'où
proviennent les perturbations si graves de la société, et contre lesquels doivent
se réunir tous les efforts,
par le recours aux principes du
christianisme, si l'on veut sérieusement ramener dans les États l'ordre
et la paix.
Et
d'abord, lorsqu'Il descendit du ciel précisément pour rétablir parmi les hommes
le règne de cette paix, détruite par la jalousie de Satan,
Notre-Seigneur
Jésus-Christ ne voulut pas d'autre fondement pour cette restauration que celui
de la charité.
[...]
Jamais
peut-être, plus que maintenant, on n'a parlé de fraternité humaine :
on
n'hésite même pas à laisser de côté les enseignements de l'Évangile,
l'œuvre de Jésus-Christ et de l'Église, et à prétendre, quand même, que ce zèle
pour la fraternité est un des fruits les plus précieux de la civilisation
moderne. Cependant, à dire vrai, jamais la fraternité n'a été moins pratiquée
que de nos jours. Les haines de race sont portées au paroxysme ; les peuples
sont divisés par leurs rancunes encore plus que par leurs frontières ; au sein
d'une même nation et dans les murs d'une même cité, les différentes classes de citoyens
se jalousent mutuellement, et chez les individus tout est réglé par l'égoïsme
devenu la loi suprême.
Vous
voyez, vénérables Frères, combien il est nécessaire de faire tous les efforts
possibles, afin que
la charité de Jésus-Christ reprenne son empire sur
les âmes : ce sera Notre objectif et comme l'entreprise spéciale de Notre
Pontificat : que ce soit aussi, Nous vous y exhortons, le but de votre
zèle.
Toujours le 6 septembre, à
17h00, se déroula l’Assemblée d’ouverture. Divers intervenants prirent la
parole, entre autres le Cardinal
Stanislaw Dziwisz (archevêque de
Cracovie),
Andrea Riccardi (Fondateur de la Communauté de Sant’Egidio),
Michel Camdessus (Gouverneur honoraire de la Banque de France),
José
Manuel Barroso (Président de la Commission Européenne), le rabbin
David
Rosen (Président de l’International Jewish Committee for
Interreligious Consultations, Israël) et le Cardinal
Walter Kasper (Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens).
Voici des extraits du discours
d’Andrea Riccardi :
Les
hommes et les femmes, qui ont souffert à cause de la guerre, sont souvent des
maîtres et des témoins de paix, en quête de ce qui unit les peuples.
Jean
Paul II fut un enfant de la guerre, lui qui était né en 1920. Rescapé à
tant de mal, il se sentait responsable de dire l’horreur de la guerre : de dire
que le destin commun de l’humanité est la paix, et non la domination des uns
sur les autres. Nous sommes venus à Cracovie, dans sa ville natale, pour lui
rendre hommage. Certains vénèrent en lui le grand pape. D’autres le grand
maître chrétien. Tous pensent qu’il fut une figure d’exception, comme on en
rencontre rarement dans l’Histoire. Témoin de foi chrétienne, il fut aussi un
maître d’humanisme.
En
pleine guerre froide, en 1986,
Jean Paul II convoqua à Assise, ville
natale de saint François, les leaders des grandes religions, pour prier pour la
paix, non plus les uns contre les autres, mais les uns avec les autres. Depuis
lors, a commencé à souffler l’esprit d’Assise, comme le rappelle le
cardinal
Etchegaray, l’un des artisans de cet événement. Comme le rappelle aussi le
cardinal
Dziwisz, aussi fidèle à
Jean Paul II qu’un fils, sachant
combien le Pape tenait à ce rendez-vous historique. Je profite de cette
occasion pour remercier le cardinal de son hospitalité et de sa collaboration
généreuse, sans laquelle cette rencontre n’aurait pas été possible ; ainsi que
pour la belle liturgie par laquelle il nous a accueillis.
La
Communauté de Sant’Egidio a compris qu’Assise devait
continuer après 1986. J’entends encore la voix forte de
Jean Paul II à
Assise, en 1986, qui invitait à continuer dans cette voie. Je sentis que
c’était un appel. L’esprit d’Assise est celui du dialogue entre les religions,
conscientes de leur apport décisif à la paix et de l’apport de l’esprit. Depuis
lors, nous nous sommes rendus chaque année dans des pays différents.
Jean
Paul II soutenait ce pèlerinage. Au terme de l’inoubliable journée de 1986,
il avait dit :
«
Ensemble nous avons rempli nos yeux de visions de paix : celles-ci libèrent des
énergies nouvelles en faveur d’un nouveau langage de paix, de nouveaux gestes
de paix, des gestes qui briseront les chaînes fatales des divisions héritées de
l’Histoire ou engendrées par les idéologies modernes. La paix attend ses
artisans… ».
[...]
Pour
les religions, le dialogue relève de la spiritualité. Le dialogue est une
conversion profonde et méditative, qui appelle à suivre la voie de Dieu, en
entrant en dialogue avec Celui qui est au-delà de nous.
Il est
significatif que les Musulmans vivent en ce moment le temps sacré du Ramadan,
du jeûne, de la purification et du retour à Dieu. C’est une grande occasion,
(au point que le Prophète a dit : « Quand arrive le Ramadan, les portes du Ciel
s'ouvrent, celles de l'Enfer se ferment et les démons sont mis aux fers »).
L’évêque
Pietro Rossano, un croyant d’une rare intelligence, rappelait
que « toute religion tend à la paix quand elle exprime le meilleur de soi ».
Revenir à Dieu conduit mystérieusement à la découverte de la valeur immense de
la paix. Pour certaines religions, la paix est le nom de Dieu. Approfondir sa
foi permet à chacun d’aller vers les autres dans un esprit de paix, au lieu de
s’en écarter. Jésus enseigne : « heureux les doux, car ils posséderont la terre
». Posséder la terre ne veut pas dire dominer, subjuguer ou mépriser l’autre,
mais s’exercer à la douceur et à la compréhension.
Karol
Wojtyla s’étonnait de la trame commune qui unit les religions, malgré leur
radicale diversité : « Au lieu de nous étonner – écrivait-il - que la
Providence permette une si grande diversité de religions, on devrait plutôt
s’étonner des nombreux éléments communs qui existent entre elles ».
Un
monde globalisé, avec ses multiples facettes, a grand besoin d’unité. Le
dialogue entre les religions est l’âme de cette recherche d’unité. Ce n’est pas
un rite, mais une passion. L’esprit d’Assise pousse au témoignage public de la
volonté d’être ensemble, comme nous le ferons lors de la cérémonie finale, sur
la place du Marché de Cracovie, comme chaque année depuis 1986 : conscients de
nos différences, et en paix. Le dialogue est la toile patiente que tisse une
humanité divisée, capable de recoudre les différents destins des peuples. Il
révèle le mystère d’unité qui se cache derrière les événements de ce monde
globalisé. Le dialogue est le remède qui libère des démons de la haine, du
mépris, de la guerre.
Dans
nos rencontres dans l’esprit d’Assise, le souvenir de la souffrance est
toujours présent, comme le disait ce matin dans son beau discours le
métropolite
Serafim. Dans deux jours, notre congrès se transformera en
pèlerinage au bord de l’abîme de la douleur, à Auschwitz. Nous nous y rendrons
au cours d’une journée de jeûne, en pèlerins. Nous ne pouvons pas nous
contenter d’avoir une idée abstraite du mal, de la division et de la guerre.
Cela ne suffit pas. Nous avons besoin de fouler un lieu, de voir, de sentir, de
toucher. C’est le sens du pèlerinage pour toutes les religions. C’est le sens
du pèlerinage des religions à Auschwitz, abîme du mal, où, au bord d’un gouffre
sans fond, on éprouve le besoin de montrer un autre chemin à l’humanité : le
destin commun des peuples dans la paix.