Commentaire par Saint Thomas d'Aquin.
Verset 41-47
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S. Jean Chrysostome :
(hom. 41). L'intention du Sauveur, en rappelant aux Juifs les témoignages de Jean-Baptiste, de Dieu et de ses œuvres, était de les attirer à lui, mais plusieurs d'entre eux pouvaient y voir le désir d'une gloire toute humaine; il repousse donc cet injurieux soupçon par cette déclaration : « Je n'accepte point la gloire qui vient des hommes, » c'est-à-dire, je n'en ai pas besoin, et ma nature n'est pas réduite à la nécessité de rechercher cette gloire; le soleil ne reçoit aucun nouvel éclat de la lumière d'une lampe, à bien plus forte raison, n'ai-je nul besoin de la gloire humaine.
Alcuin :
Ou bien encore, ces paroles : « Je n'accepte point la gloire qui vient des hommes, » veulent dire : Je ne recherche pas les louanges des hommes, je ne suis pas venu pour recevoir des hommes des honneurs terrestres, mais pour leur faire part d'honneurs tout spirituels. Si donc je parle de la sorte, ce n'est point pour rechercher la gloire, mais par compassion pour votre égarement, et pour vous ramener dans la voie de la vérité. C'est pour cela qu'il leur dit : « Mais j'ai reconnu que vous n'aviez point en vous l'amour de Dieu. »
S. Jean Chrysostome :
(hom. 41). C'est-à-dire, en parlant de la sorte, j'ai voulu vous convaincre que ce n'est point pour l'amour de Dieu que vous me persécutez, puisqu'il me rend lui-même témoignage par mes œuvres et par les Ecritures. Vous me repoussez dans la pensée que j'étais opposé à Dieu; si donc vous aimiez véritablement Dieu, vous deviez donc venir à moi, mais vous n'avez pas cet amour en vous. Et il leur prouve non-seulement par leur conduite présente, mais par ce qu'ils feraient, si quelqu'un venait leur parler en son propre nom : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas, si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez. » Il déclare qu'il est venu au nom de son Père, pour leur ôter tout prétexte de lui refuser leurs hommages.
Alcuin :
Je suis venu au nom de mon Père, c'est-à-dire, je suis venu pour que le nom de mon Père soit glorifié par moi, parce que je renvoie tout à mon Père. Ils n'avaient donc pas en eux l'amour de Dieu, parce qu'ils ne voulaient pas recevoir celui qui venait faire la volonté de son Père. L'Antéchrist, au contraire, viendra non pas au nom du Père, mais en son propre nom, non point pour procurer la gloire du Père, mais pour chercher la sienne propre. Les Juifs n'ont point voulu recevoir Jésus-Christ; comme juste châtiment de leur infidélité ils recevront l'Antéchrist, et croiront au mensonge pour avoir refusé de croire à la vérité.
S. Augustin :
(serm. 45 sur les par. du Seig). Mais écoutons ce que dit Jean lui-même : « Vous avez oui-dire que l'Antéchrist doit venir, et maintenant il y a beaucoup d'antéchrists. » (1 Jn 2, 18). Or, qui vous fait trembler dans l'Antéchrist ? c'est qu'il doit chercher à faire honorer son nom et à couvrir de mépris le nom de Dieu. Et que fait donc autre chose celui qui ose dire : « C'est moi qui justifie, » et ceux qui disent : « Si nous ne sommes bons et vertueux, vous êtes perdus sans ressources ? » Ainsi la vie de mon âme dépendra de vous, et mon salut sera attaché à vos mérites ? Ai-je donc oublié à ce point le fondement que Dieu lui-même a posé ? Est-ce que la pierre n'était pas le Christ ?
S. Jean Chrysostome :
(hom. 41). Notre Seigneur leur donne ici une preuve incontestable de leur peu de religion en leur tenant équivalemment ce langage : Si c'est par amour pour Dieu que vous me persécutez, à plus forte raison, devriez-vous persécuter l'Antéchrist, car il ne vous dira point qu'il est envoyé par le Père, ou qu'il vient pour faire sa volonté, mais il usurpera au contraire les prérogatives qui ne lui appartiennent pas, et se donnera comme le Dieu qui est au-dessus de tout. Il est donc évident que les Juifs persécutaient Jésus-Christ par un sentiment d'envie contre lui et de haine contre Dieu. Le Sauveur leur fait connaître ensuite la cause de leur incrédulité : Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez la gloire l'un de l'autre, et ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? Il leur fait voir une fois de plus que ce ne sont pas les intérêts de Dieu, mais les intérêts de leur passion qu'ils cherchaient à défendre.
Alcuin :
C'est donc un grand vice que la vanité, et le désir de la gloire humaine qui veut faire estimer en elle des qualités qu'elle n'a pas et qu'elle ne cherche pas à avoir. Ils ne peuvent donc croire, parce qu'ils sont avides de gloire humaine, mais quel est ce désir de la gloire humaine, si ce n'est l'enflure d'une âme orgueilleuse ? C'est donc comme si Jésus-Christ disait : « Ils ne peuvent croire, parce que leur âme superbe désire les louanges et veut s'élever au-dessus de tous les autres. »
S. Bède :
Or, le moyen, le plus efficace pour nous garantir de ce vice, c'est de rentrer dans notre conscience, de considérer que nous ne sommes que poussière, et si nous découvrons quelque bien en nous, de l'attribuer, non point à nous, mais à Dieu seul. Le Sauveur nous apprend en même temps à toujours être tels que nous voulons paraître aux yeux des autres. Ils pouvaient enfin lui faire cotte question : c'est donc vous qui nous accuserez près de votre Père ? Jésus les prévient et leur dit : « Ne pensez pas que ce soit moi qui doive vous accuser devant mon Père, » etc.
S. Jean Chrysostome :
(hom. 41). Car je ne suis point venu pour condamner, mais pour sauver. « Votre accusateur sera Moïse, en qui vous mettez votre espoir. » Il leur a dit plus haut, en parlant des Ecritures : « Vous pensez trouver eu elles la vie éternelle, » de même il leur dit ici : « Moïse, dans lequel vous espérez, » cherchant à les convaincre par leurs propres croyances. Mais ils pouvaient encore lui faire cette objection. Comment Moise pourra-t-il nous accuser ? Qu'y a-t-il de commun entre Moïse et vous, qui transgressez la loi du sabbat ? Jésus répond à cette objection : « Si vous croyez Moïse, peut-être me croiriez-vous aussi, car il a écrit de moi. » La preuve de ce que j'avance se trouve dans ce qui précède, puisqu'en effet les oeuvres que j'ai faites, le témoignage de Jean-Baptiste et celui de mon Père prouvent jusqu'à l'évidence que je suis envoyé de Dieu, il est également certain que Moïse sera votre accusateur, car il a dit : S'il s'élève parmi vous un homme qui opère des prodiges, conduise les hommes vers Dieu, et fasse des prédictions que les événements justifient, vous devrez lui obéir. Or, Jésus-Christ a fait toutes ces choses, et ils n'ont pas cru en lui.
Alcuin :
Notre Seigneur emploie ici le mot « peut-être, » pour se conformer à notre manière de parler et non pas qu'il y ait en Dieu le moindre doute. Or, Moïse a prédit la venue du Christ, lorsqu'il a dit Dieu vous suscitera du milieu de vos frères un prophète semblable à moi, vous l'écouterez. » (Dt 18)
S. Augustin :
(contr. Faust., 16, 9). On peut même dire que tout ce que Moïse a écrit, les figures, les événements, les discours ont Jésus-Christ pour objet, ou se rapportent entièrement à Jésus-Christ, aussi bien lorsque Moïse prophétise le règne de sa grâce et de sa gloire.
« Mais si vous ne croyez point à ses écrits, comment croirez-vous à ses paroles ?
Théophylactus :
C'est-à-dire, Moïse a écrit, et vous avez ses livres entre les mains, et si vous veniez à oublier ce qu'ils contiennent, vous pourriez facilement en rappeler le souvenir, mais vous ne croyez point aux écrits de Moïse, comment donc pourrez-vous croire à mes simples paroles ?
Alcuin :
On peut conclure de là que ceux qui lisent les commandements qui interdisent le vol et les autres crimes, sans prendre soin de les mettre en pratique, ne pourront accomplir à plus forte raison les préceptes évangéliques qui sont beaucoup plus parfaits et plus sublimes.
S. Jean Chrysostome :
(hom. 41) S'ils avaient donné une sérieuse attention aux paroles du Sauveur, ils devaient lui demander et apprendre de lui ce que Moïse avait écrit sur le Christ, mais ils gardent le silence; telle est en effet la malice du cœur humain, que malgré tout ce que l’on peut dire ou faire, il conserve le venin dont il est infecté.
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" Nihil Deo et angelis gratius animae conversione."
" Rien n'est plus agréable à Dieu et aux Anges que la conversion d'une âme."
Saint Ambroise, évêque de Milan.