Si môssieur Laugier avait pris la peine d'étudier
ces leçons,
en particulier les 14e message (CHAPITRE V ESSENCE ET EXISTENCE), 15e à 18e messages (CHAPITRE VI TOUT ÊTRE CORPOREL SE COMPOSE DE DEUX PRINCIPES : LA MATIÈRE ET LA FORME), 19e et 20e messages (CHAPITRE VII Y A-T-IL DES ESSENCES QUI EXISTENT EN ELLES-MÊMES OU SUBSTANCES ; ET D’AUTRES QUI EXISTENT DANS ET PAR UNE SUBSTANCE, LES ACCIDENTS ?) et le 22e message (CHAPITRE IX UN TOUT CORPOREL QUEL QU’IL SOIT peut-il s’analyser sous l’angle de quatre causes : MATERIELLE, FORMELLE, EFFICIENTE ET FINALE), môssieur Laugier n'écrirait pas tant de sottises !
Néanmoins, le point N° 1 de mon précédent message peut s'avérer quelque peu difficile à bien comprendre
C'est pourquoi je vais donner ici un autre exemple qui, j'espère, fera plus facilement comprendre les différences entre l'essence et l'existence dans un tout substantiel simple, entre la matière et la forme au sein de l'essence de ce tout substantiel simple, entre une substance simple et les accidents qui peuvent lui être adjoints :
Prenons un verre en cristal, par exemple.
Voici un objet substantiellement simple.
Si nous essayons d'en extraire les composants, nous détruisons le verre.
(Il en va de même avec tout être humain fût-il Pape
formaliter.)
La matière de ce verre en cristal, c'est le cristal, bien évidemment !
Sa forme, c'est celle d'un verre et non celle d'une assiette.
Le cristal (matière) et la forme du verre, constituent ce que les philosophes (les vrais, tel St Thomas d'Aquin) appellent
l'essence de l'objet, ici en l'occurence, le verre en cristal.
Mais ce verre peut n'exister que dans l'esprit de son fabricant sans exister réellement.
Bien que n'existant éventuellement pas réellement, l'essence (matière et forme) d'un tel verre en puissance d'être fabriqué, existe bel et bien en tant qu'essence.
Si le fabriquant se met à fabriquer le verre, alors celui-ci obtient, bien sûr,
l'existence, et on peut alors parler de la substance elle-même de ce verre.
En effet, la substance d'un objet, c'est son essence
avec l'existence.
Le fabricant peut aussi appliquer à son verre divers ornements de décoration (motifs de dessins, ciselures, etc.) qui ne changent ni la matière du verre ni sa forme substantiel.
Ces ornements de décoration sont des
accidents.
Quand le verre existe substantiellement, il peut être rempli ou vide de boisson.
S'il est vide, il est vide en acte mais en puissance d'être rempli ; tandis que s'il est rempli, il est rempli en acte mais en puissance d'être vidé.
Qu'il soit vide ou qu'il soit rempli, cela aussi sont des accidents (vide ou rempli).
Les accidents eux-mêmes, du moins pour certains d'entre eux, peuvent être considérés sous l'aspect de leur matière (par exemple peinture particulière) et de leur forme (forme de dessins, par exemple).
D'où il suit que telle substance (verre en cristal existant, par exemple) peut recevoir dans l'avenir telles décorations (c'est donc, en attendant de recevoir réellement ces décorations, un verre en cristal en puissance d'être décoré de la manière considérée), puis avoir réellement reçu lesdites décorations (c'est, à partir de ce moment, un verre en cristal décoré de cette manière en acte).
Maintenant, pour qu'un Sacrement soit valide, outre l'intention du Ministre qui doit être de faire ce que fait l'Église, il doit y avoir la matière de ce Sacrement et sa forme. Si l'un des ces éléments manque, il n'y a pas de sacrement.
C'est pourquoi il est absurde de parler de baptême
materialiter et de baptême
formaliter !
En revanche, un homme (substance) légitimement élu pour être Pape (accident), n'est qu'en puissance d'être Pape tant qu'il n'a pas réellement accepté
la charge du pontificat (il s'agit d'une acceptation réelle, non d'une acceptation feinte) ; il ne sera ce Pape en acte que lorsqu'il aura réellement accepté
la charge de son pontificat.
Comme ce qui fait réellement le Pape, ce n'est pas son acceptation elle-même (qui n'est que la condition
sine qua non) mais la forme (par la grâce) du pontificat que Dieu donne à cet élu, celui qui a reçu de Dieu ladite forme du pontificat, peut être appelé Pape
formaliter, et comme la personne élue est, par rapport au Pape, la matière du pontife, celui qui, élu, n'a pas réellement accepté
la charge du pontificat, peut, par extension des principes, être appelé “pape”
materialiter.
Mais un tel “pape”
materialiter n'a aucun pouvoir dans l'Église selon le droit divin puisqu'il n'a pas reçu de Dieu la forme du pontificat. En revanche, au regard du droit ecclésiastique (humain) il conserve, tant qu'un autre n'est pas désigné à sa place, les prérogatifs propres au droit humain (ecclésiastique) puisque ce sont les hommes qui l'ont désigné.
Nous voyons par tout cela combien est absurde le parallèle qu'un guignol a cru pouvoir établir entre un baptême
materialiter et un “pape”
materialiter !