Réfutation des arguments erronés sur l’infaillibilité Eglise

Abbé Michel Marchiset

Quarante ans d’erreurs

Réfutation des arguments erronés sur l’infaillibilité de l’Eglise.

˝les vérités ont ete diminuées par les enfants des hommes˝ (Psaume xi, 3)



Quand une erreur est réfutée, si elle est répétée, elle devient un mensonge (parler avec l’intention de tromper)


Aller contre la vérité connue, c’est pêcher contre le Saint-Esprit, péché irrémissible (Math., xii, 31-32).

http://www.virgo-maria.org/articles_HTML/2006/002_2006/VM-2006-02-05/VM-2006-02-05-B00-Refutation_des_erreurs_sur_l_infaillibilite.htm

Mon vieil ami Éric TAILHADES a écrit:

Infaillibilité Pontificale

Qu’a défini Vatican I ?

La constitution Pastor Aeternus, proclamée à l’issue du Concile Vatican I ¹, par le Pape Pie IX déclare : « Nous attachant fidèlement à la tradition qui remonte au début de la foi chrétienne, pour la gloire de Dieu notre Sauveur, pour l’exaltation de la religion catholique et le salut des peuples chrétiens, avec l’approbation du sacré Concile, Nous enseignons et nous définissons que c’est un dogme divinement révélé : Que le Pontife Romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, en vertu de sa suprême autorité apostolique, il définit qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par l’Eglise universelle, jouit, par l’assistance divine qui lui fut promise en la personne du bienheureux Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que son Eglise fut pourvue en définissant sa doctrine sur la foi ou les mœurs ; et que par conséquent, ces sortes de définition du Pontife Romain sont irréformables par elles mêmes, et non en vertu du consentement de l’Eglise.
Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la témérité de contredire notre définition : qu’il soit anathème »

¹ Concile du Vatican, Constitution Pastor Aeternus, chap. IV, De Romani Pontificis infaillibili magisterio, 13 juillet 1870.

L’infaillibilité pontificale se borne-t-elle à l’infaillibilité extraordinaire ?

Le catéchisme de saint Pie X, édité par Itinéraires ², affirme : « Le Pape est infaillible seulement lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, en vertu de sa suprême autorité apostolique, il définit qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par l’Eglise universelle. » Traduction erronée qui dénature le sens des propos du catéchisme car, si l’on prend le texte latin de l’édition originale, on lit non « le Pape seulement lorsque », mais « le Pape seul ³ lorsque », mais il ferme la porte à l’infaillibilité pontificale ordinaire, qui, en réalité, n’est pas exclue par le texte de Vatican I.

² Catéchisme de saint Pie X, Editions Dominique Martin Morin, 1993, traduction de Jean Madiran.
³ Vatican I écrit : « non en vertu du consentement de l’Eglise. »

Dans l’enseignement pontifical ordinaire ⁴, Don Paul Nau ⁵, faisait déjà remarquer que «si le texte de Vatican I (Pastor aeternus) ne peut servir d’argument positif en faveur de l’infaillibilité du Magistère ordinaire pontifical, il ne saurait être invoqué pour l’exclure. Ces textes restreignent bien la portée de ses affirmations à un sujet expressément limité l’acte précis de la définition solennelle. Mais s’il restreint son affirmation, il n’affirme pas la restriction à ce seul sujet…Il laisse la question ouverte. »

⁴ Thèse connue sous le nom de doctrine de Solesmes, pour avoir été défendue par cette abbaye, dont le rôle fut décisif dans la proclamation du texte de Vatican I (Pastor Aeternus) diffusé en son temps sous forme de brochure par la Cité Catholique.
⁵ Dans son article Le Magistère Pontifical Ordinaire, lieu théologique Paru dans la Revue Thomiste, 1956, pp. 389 à 412.

Bien que le Concile Vatican I n’ait rien défini sur la question de l’infaillibilité du Magistère ordinaire du Pontife Romain, cela ne l’empêcha nullement de traiter de la question. Mgr d’Avenzo, rapporteur officiel du projet de résolution, soumis au vote des pères conciliaires, s’exprimait ainsi :

Citation :

Il y a dans l’Eglise un double mode d’infaillibilité, le premier s’exerce par le Magistère ordinaire de l’Eglise : Allez enseignez… L’Eglise enseigne toutes les vérités, soit déjà définies, soit explicitement contenues dans le dépôt de la Révélation mais non encore définies, soit enfin celles qui font l’objet d’une foi implicite. Ces vérités l’Eglise les enseigne quotidiennement, tant principalement par le Pape que par chacun des évêques en communion avec lui. Tous, le Pape et les évêques, dans cet enseignement ordinaire, sont infaillibles de l’infaillibilité même de l’Eglise. Ils différent seulement en ceci : les évêques ne sont pas infaillibles par eux-mêmes, mais ont besoin de la communion avec le Pape, qui les confirme ; le Pape lui n’a besoin de rien d’autre que de l’assistance du Saint Esprit qui lui a été promise. Ainsi, il enseigne et n’est pas enseigné, il confirme et n’est pas confirmé.

Et Dom Paul Nau de commenter ce passage en écrivant : « Il s’agit bien du Magistère Ordinaire de celui qui est dispensé chaque jour dans l’Eglise et que ce passage oppose au jugement solennel. Il s’agit bien du Magistère ordinaire infaillible et capable par suite d’imposer les vérités à croire. A ce Magistère Mgr d’Avenzo reconnaît deux sujets distincts les évêques dispersés en communion avec le Pape, mais aussi le Pape seul, à l’enseignement duquel n’est posé d’autre condition que l’assistance du Saint Esprit. »

Si le Concile Vatican I n’avait pas été interrompu, il aurait donc vraisemblablement proclamé, l’infaillibilité ordinaire, au même titre que l’infaillibilité extraordinaire.

Mais, l’opinion s’est imposée que « Le Pontife Romain est infaillible seulement lorsqu’il propose l’enseignement de l’Eglise de manière solennelle », alors que la traduction exacte du texte du Concile Vatican I est (on l’a vu) : «Le Pontife Romain est infaillible lorsque seul il propose l’enseignement de l’Eglise de manière solennelle », ce qui n’exclut pas qu’il puisse aussi être infaillible dans d’autres circonstances. « On comprend aisément comment a pu s’introduire ce glissement de perspective : Depuis 1870, les manuels de théologie ont pris pour énoncé de leurs thèses les textes même du Concile. Aucun de ceux-ci ne traitant, in recto, de l’enseignement ordinaire du seul souverain pontife, celui-ci a été peu à peu perdu de vue et tout l’enseignement pontifical a paru se réduire aux définitions ex cathedra. De plus l’attention étant entièrement attirée sur celle-ci, on s’est habitué à ne plus considérer les interventions doctrinales du Saint Siège que dans la seule perspective du jugement solennel, celle d’un jugement qui à lui seul apporte à la doctrine toutes les garantie requises. Il était dès lors impossible de saisir la vraie nature du magistère ordinaire. ⁶ »

⁶ C’est pourtant celle de plus d’un auteur ecclésiastique, notamment celle de L. Choupin qu’on nous présentait encore récemment comme « le meilleur ouvrage “Valeur des décisions doctrinales et disciplinaires du Saint Siège, sur le sujet.” » Paris 1913.

L’enseignement de Pie XII.

En outre, nous trouvons dans l’encyclique Humani generis ⁷ du Pape Pie XII, les propos suivants : «Et l’on ne doit pas penser que ce qui est proposé dans les encycliques n’exige pas de soi l’assentiment, sous le  prétexte que les Papes n’y exerceraient pas le pouvoir suprême de leur Magistère. C’est bien en effet du Magistère ordinaire que relève cet enseignement et pour ce Magistère vaut aussi la parole : “Qui vous écoute, M’écoute…” et le plus souvent ce qui est proposé et imposé dans les encycliques appartiennent depuis longtemps d’ailleurs à la doctrine catholique. Que si dans leurs Actes, les Souverains Pontifes portent à dessin un jugement sur une question jusqu’alors disputée, il apparaît donc à tous que, conformément à l’esprit et à la volonté de ces mêmes Pontifes, cette question ne peut plus être tenue pour une question libre entre les théologiens. »

⁷ 12 août 1950

Merci, Éric !

En complément de ce que tu as cité de l’Encyclique du Pape Pie XII, Humani generis, nous pouvons également citer ces paroles de St Pie X tirée du Discourt aux prêtres de l’Union apostolique le 18 novembre 1912 et citées dans le Pour Qu’Il Règne :

Citation :

Quand on parle du Vicaire de Jésus-Christ, ce n’est pas le lieu d’examiner, mais d’obéir. il ne faut pas mesurer l’étendue de l’ordre donne afin de restreindre l’obéissance qu’on lui accorde ; il ne faut pas chicaner sur le plus claire parole du Pape pour en travestir le sens ; il ne faut pas interpréter la volonté du Pape selon ses préjugés en détruisant la substance évidente ; il ne faut pas opposer des droits au droit qu’a le Pape d’ENSEIGNER et de commander ; il ne faut pas peser les jugements, discuter les ordres, si l’on ne veut pas faire une injure à Jésus-Christ Lui-même…

(C’est moi qui souligne en gras ou/et d’un trait ou/et en capitales.)

Voici une autre citation du Discourt aux prêtres de l’Union apostolique prononcé par St Pie X le 18 novembre 1912, apparemment tirée d’un autre endroit (mais très proche, peut-être juste après) également fort éloquent :

Citation :

Quand on aime le Pape, on ne discute pas au sujet des mesures ou des ordres qu’il donne ; on ne recherche pas jusqu’où doit aller l’obéissance, et quelles sont les choses dans lesquelles on doit obéir. Quand on aime le Pape, on n’objecte pas qu’il n’a pas parlé assez clairement, comme s’il était obligé de répéter à l’oreille de chacun ses volontés clairement exprimées, tant de fois, non seulement de vive voix, mais encore par des lettres et d’autres documents publics ; on ne met pas en doute ses ordres, sous le prétexte, si facile pour celui qui ne veut pas obéir, que ce n’est pas le Pape qui commande, mais ceux qui l’entourent. On ne limite pas le champ où son autorité peut et doit s’exercer. On ne préfère pas à l’autorité du Pape celle d’autres personnes, si doctes soient-elles, qui ne sont pas du même avis que le Pape : car, si elles ont la science, elles n’ont pas la sainteté, parce que celui qui est saint ne peut être en dissentiment avec le Pape.

(Cf. http://sedevacantisme.over-blog.com/pages/Saint_Pie_X_face_a_notre_epoque-3641188.html.)

L’Infaillibilité de l’Église (extrait de Sodalitium n°40) Par M. l’abbé Giuseppe MURRO : https://www.sodalitium.eu/linfaillibilite-de-leglise/