Tradition Catholique (Sede Vacante)
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 “Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ?

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JP B
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MessageSujet: “Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ?   “Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ? EmptyJeu 26 Juil - 10:31

Un ami m’a sollicité récemment, disant que je semblais « maîtriser la philosophie et la théologie » (alors qu’il n’en est rien ou peu s’en faut) pour répondre à la question de savoir comment (tant que Dieu ne nous fait pas la grâce d’avoir un vrai Pape) nous puissions ne plus avoir de Pape en acte tandis que la Constitution dogmatique Apostolique Pastor Æternus impose de croire qu'il y aura toujours, jusqu'à la fin du monde, « des pasteurs et des docteurs » au sein de l'Église de « L'éternel Pasteur et gardien de nos âmes ».

Pour répondre à cette question, intéressante s’il en est et souvent posée du reste par les opposants au sédévacantisme actuel dû à la défection, depuis le conciliabule vaticandeux, de ceux qui devraient être Papes, je me référerai aux théologiens qualifiés et reconnus tels dans la Sainte Église Catholique, en interposant quelques considérations pour amener leurs arguments et en tirer les conclusions qui me paraîtront suffisantes, et, pour cela, je me référerai en premier au saint Docteur de l’Église qu’est Robert BELLARMIN (S.J.).

Celui-ci, dans son ouvrage De Romano Pontifice, livre II, chapitre 17,
distinguant entre le Pontife (la personne) et le Pontificat (la fonction) a écrit:
Il faut observer que dans le Pontife coexistent trois éléments : Le Pontificat lui-même (le primat précisément), qui est une certaine forme ; la personne qui est le sujet du Pontificat (ou primat) et l’union de l’un avec l’autre. De ces éléments, seul le premier, c’est-à-dire le Pontificat lui-même provient du Christ; la personne au contraire en tant que telle procède sans doute de ses causes naturelles, mais en tant qu’élue et désignée au Pontificat elle procède des électeurs ; il leur appartient de désigner la personne ; mais l’union elle-même procède du Christ, par le moyen (ou en le présupposant) l’acte humain des électeurs... On dit donc en vérité que les électeurs créent le Pontife et sont la cause qu’un tel soit Pontife... toutefois ce ne sont pas les électeurs qui donnent l’autorité ni ne sont cause de l’autorité. De même que dans la génération des hommes l’âme est infuse seulement par Dieu et cependant, puisque le père qui engendre en disposant la matière est cause de l’union de l’âme avec le corps, on dit que c’est un homme qui engendre un autre homme mais on ne dit pas que l’homme crée l’âme de l’homme.
(Souligné par JP B.)

Or, le Pontificat, qui donc seul « provient du Christ », est une personne morale, bien sûr. Et une personne morale subsiste (au moins un certain temps – 100 ans pour ce qui est des personnes morales, hormis la Papauté, dans la Sainte Église) même s’il n’y a pas en acte la personne physique qui représente celle-là.
D’où il suit que lorsque le Concile du Vatican dans Pastor Æternus affirme qu’il y aura toujours, jusqu’à la fin du monde, « des pasteurs et des docteurs » au sein de l’Église de « L’éternel Pasteur et gardien de nos âmes », cela doit s’entendre des personnes morales que sont 1) la Papauté et 2) la Hiérarchie enseignante qui a Juridiction et qui est apte, pour cette raison, a assurer le renouvellement des papes quand l’un d’eux vient à disparaître.

Cela est confirmé par cette citation que notre ami Pluchon fait ici (in fine) du R.P. Goupil, s.j., (L’Eglise, 5ème édition, 1946, Laval, p. 48-49)
qui a écrit:
Remarquons que cette succession formelle ininterrompue doit s'entendre moralement et telle que le comporte la nature des choses : succession de personnes, mode électif, comme l'a voulue le Christ et l'a comprise toute l'antiquité chrétienne. Cette perpétuité n'exige donc pas qu'entre la mort du prédécesseur et l'élection du successeur il n'y ait aucun intervalle, ni même que dans toute la série des pasteurs aucun ne puisse avoir été trouvé DOUTEUX ; mais « on entend par là une succession de pasteurs légitimes telle que jamais le siège pastoral, même vacant, même occupé par un titulaire douteux, ne puisse réellement être réputé tombé en déshérence; c'est-à-dire encore que le gouvernement des prédécesseurs persévère virtuellement dans le droit du siège toujours en vigueur et toujours reconnu, et que toujours aussi ait persévéré le souci d'élire un successeur. » (Ch. Antoine, “De Ecclesia”).
(Souligné par nos soins – Pluchon et JP B.)

Cela est encore confirmé par cette autre citation, que fait également le même ami Pluchon, de Dom Prosper GUÉRANGER qui, dans son Année liturgique, éd. 1867, au mercredi de la Pentecôte,
a écrit:
Jésus avait dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » ; mais Pierre devait mourir. La promesse n’avait donc pas pour objet sa personne seulement, mais toute la suite de ses successeurs jusqu’à la fin des siècles. Quelle étonnante et énergique action du divin Esprit produit ainsi, anneau par anneau, cette dynastie de princes spirituels arrivée à son deux cent cinquantième Pontife, et devant se poursuivre jusqu’au dernier jour du monde! Aucune violence ne sera faite à la liberté humaine ; le divin Esprit lui laissera tout tenter ; mais il faut cependant qu’il poursuive sa mission. Qu’un Décius produise par ses violences une vacance de quatre ans sur le siège de Rome, qu’il s’élève des anti-papes soutenus les uns par la faveur populaire, les autres par la politique des princes, qu’un long schisme rende douteuse la légitimité de plusieurs Pontifes, l’Esprit-Saint laissera s’écouler l’épreuve, il fortifiera, pendant qu’elle dure, la foi de ses fidèles ; enfin, au moment marqué, il produira son élu, et toute l’Eglise le recevra avec acclamation.
(Souligné par JP B.)

C’est pourquoi dans le N° 54 de Sodalitium (cliquer sur « Télécharger le Fichier » puis “Ouvrir”) de décembre 2002, en page 12 (notes en p. 17)
M. l’abbé Francesco Ricossa a écrit:

L’Eglise ne peut rester totalement privée d’électeurs du Pape

Le Concile Vatican I a solennellement Défini :
« Si donc quelqu’un dit que ce n’est pas par l’institution du Christ ou de droit divin que saint Pierre a, et pour toujours, des successeurs dans sa primauté sur l’Eglise universelle, ou que le Pontife romain n’est pas successeur de saint Pierre en cette primauté: qu’il soit anathème » (D.S. 3058, Const. Dogm. Pastor Æternus, canon du chap. 2).

Qu’il y aura “toujours” un successeur de Pierre est donc vérité de foi; cette vérité fait partie intégrante de celle concernant l’indéfectibilité de l’Eglise: si l’Eglise était privée de Pape, elle n’existerait plus telle que l’a fondée Jésus. Pour revenir au cardinal Cajetan, « Christus Dominus statuit Petrum in successoribus perpetuum: Le Seigneur Jésus-Christ a établi (que) Pierre (soit fait) perpétuel en ses successeurs » (n. 746) *.
* : De comparatione auctoritatis Papæ et Concilii cum apologia eiusdem tractatus: « l’auteur [C
AJETAN] s’évertue à réfuter les thèses dites gallicanes, soutenues dès le XVe siècle à l’occasion du Concile de Constance; et surtout la thèse d’Occam et de Gerson affirmant la supériorité du Concile sur le Pape.[/i] » (Note 8, p. 16.) [Précisions de JP B.]


Naturellement, cette définition ne peut et ne doit pas être entendue dans le sens qu’il y aura toujours, à chaque instant, en acte, un Pape assis sur la Chaire de Pierre: pendant la vacance du Siège (par exemple dans la période entre la mort d’un Pape et l’élection de son successeur) cela n’arrive pas. En quel sens faut-il alors entendre la définition vaticane ?

C’est encore Cajetan qui nous l’explique: – par anticipation – « impossibile est Ecclesiam relinqui absque Papa et potestate electiva Papæ: il est impossible que l’Eglise soit laissée sans Pape et sans le pouvoir d’élire le Pape » (n. 744). Par conséquent, pendant la vacance du Siège, il doit rester en quelque façon la personne morale qui peut élire le Pape: « papatus, secluso Papa, non est in Ecclesia nisi in potentia ministraliter electiva, quia scilicet potest, Sede vacante, Papam eligere, per Cardinales, vel per seipsam in casu: la papauté, une fois enlevé le Pape, se trouve dans l’Eglise seulement en une puissance ministériellement élective, car elle [l’Eglise] peut, durant la vacance du Siège, élire le Pape par l’intermédiaire des Cardinaux ou, en circonstance (accidentelle) d’elle-même » (210).**
**: Souligné dans le texte. (Précisions de JP B.)


Il est donc absolument nécessaire que – pendant la vacance du Siège – subsiste encore la possibilité d’élire le Pape: ce sont l’indéfectibilité et l’apostolicité de l’Eglise qui l’exigent (22).
(22) : Sur le sujet, le lecteur pourra lire avec profit ce qu’a écrit le Père Goupil s.j. (L’Eglise, 5ème éd., Laval 1946, pp. 48-49) et le commentaire qu’en fait B. Lucien (La situation actuelle de l’autorité dans l’Eglise, Bruxelles 1985, p. 103, n° 132). Voir aussi F. Ricossa, L’abbé Paladino et la Thèse de Cassiciacum, Verrua Savoia, pp. 12-22).


On voit donc que « l'existence de pasteurs et de docteurs jusqu'à la fin du monde » ne doit pas être entendue des personnes physiques et qu’en conséquence, cette permanence « de pasteurs et de docteurs jusqu'à la fin du monde » (qui est réellement nécessaire et ne peut faire défaut mais qui doit donc être entendue des personnes morales) ne suppose pas nécessairement « la juridiction pleine et entière » et que la « juridiction en puissance » suffit à assurer, certes matériellement et non formellement, la succession apostolique c’est-à-dire la note d’Apostolicité, seulement matérielle, de la hiérarchie officielle, surtout lorsque l’on considère qu’il ne peut pas y avoir d’autre hiérarchie et que, cependant, l’Apostolicité de l’Église Catholique, au travers de sa Hiérarchie sacrée, doive perdurer jusqu’à la fin du monde malgré les éclipses que notre Sainte Mère subit.


Cela dit, qu’en est-il de « l'existence d'une juridiction de suppléance ad actum venant directement du Christ [...] sans la médiation de l'Eglise » ?

Nous trouvons une judicieuse réponse dans ce passage de M. l’abbé Lucien (La situation actuelle de l’autorité dans l’Eglise, déjà cité en référence dans le texte ci-dessus de Don Francesco Ricossa) :
En page 102-103 dudit ouvrage,
M. l’abbé Lucien a écrit:

[...]

Même dans la crise, le Christ demeure avec son Église, et continue à la faire subsister conformément à la nature qu’il lui a donnée en l’instituant; cela, nous le croyons de Foi: c’est l’indéfectibilité de l’Église.

Cette affirmation, pour n’être pas purement verbale, doit avoir une portée concrète: comment, de fait, Jésus est-il encore actuellement avec son Église ?

Si on considère l’Église comme Corps Mystique, Jésus demeure aujourd’hui avec elle en maintenant vivant le Témoignage de la Foi et la sanctification par les Sacrements authentiques, ainsi que l’Oblation du véritable Sacrifice. C’est ce que prouve l’existence de ceux que l’on nomme “traditionalistes”.

Mais comment, concrètement, Jésus est-il encore avec son Église considérée comme société humaine? A cette question, qui doit avoir une réponse, nous répondons: en maintenant en place la structure hiérarchique visible, pendant qu’il permet la grande épreuve que constitue l’éclipse de l’Autorité et de ses fonctions surnaturelles.

Cette permanence de la structure hiérarchique constitue la pierre d’attente divinement posée du renouveau de l’Autorité ; et elle assure la continuité matérielle de la succession hiérarchique, continuité absolument requise par la note d’Apostolicité(132).

_____________________________________________

(132)Cette succession ininterrompue est exigée par l’institution divine :
Citation :
Si quelqu’un dit que ce n’est pas par l’institution du Christ seigneur lui-même, et donc de droit divin, que le bienheureux Pierre a des successeurs sans interruption dans le primat sur toute l’Eglise, (...) qu’il soit anathème
(Vatican I, Const. Pastor Æternus, D. 1825).

Cette succession ininterrompue ne réclame évidemment pas qu’il y ait toujours un Pape en acte. Elle exige la continuité et la permanence de l’institution, selon que la nature des choses dans une société humaine le comporte.

Voici ce qu’écrit à ce propos le Père Goupil s.j. (L’Eglise, 5ème édition, 1946, Laval, p. 48-49) :
Citation :
Remarquons que cette succession formelle ininterrompue doit s'entendre moralement et telle que le comporte la nature des choses : succession de personnes, mode électif, comme l'a voulue le Christ et l'a comprise toute l'antiquité chrétienne. Cette perpétuité n'exige donc pas qu'entre la mort du prédécesseur et l'élection du successeur il n'y ait aucun intervalle, ni même que dans toute la série des pasteurs aucun ne puisse avoir été trouvé douteux ; mais « on entend par là une succession de pasteurs légitimes telle que jamais le siège pastoral, même vacant, même occupé par un titulaire douteux, ne puisse réellement être réputé tombé en déshérence ; c'est-à-dire encore que le gouvernement des prédécesseurs persévère virtuellement dans le droit du siège toujours en vigueur et toujours reconnu, et que toujours aussi ait persévéré le souci d'élire un successeur. » (Ch. Antoine, De Eccl.).

Comme le lecteur le voit par ces explications de théologiens écrivant avant la crise actuelle, l’occupation matérielle des Sièges répond très bien à l’exigence de continuité de la hiérarchie.
(souligné en gras ou/et d’un trait par JP B.)

On voit donc bien qu’il n’y a aucune opposition réelle entre Pastor Æternus et le sédévacantisme actuel dû à la défection, depuis le conciliabule vaticandeux, de ceux qui devraient être Papes.
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MessageSujet: Re: “Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ?   “Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ? EmptyLun 30 Juil - 12:34

Dans sa « Réponse au numéro spécial de La Tradizione cattolica sur le sédévacantisme » parue (page 31) dans le N° 55 de Sodalitium (cliquer sur « Télécharger le Fichier » puis “Ouvrir”) de novembre 2003, en pages 48 à 52 (notes en p. 65 et ss.)
M. l’abbé Francesco Ricossa a écrit:

Quatrième partie: ANALYSE DES OBJECTIONS THEOLOGIQUES OPPOSEES AU SEDEVACANTISME PAR LA TRADIZIONE CATTOLICA: ELLES SE RESUMENT EN L’“INDEFECTIBILITE” DE L’EGLISE. SODALITIUM REPOND A CHACUNE D’ELLES, ET MONTRE COMMENT CE SONT PLUTOT LES POSITIONS DE LA FRATERNITE ET DES MODERNISTES QUI – CHACUNE À SA FAÇON – S’OPPOSENT A LADITE INDEFECTIBILITE

Dès le début, la TC [La Tradizione cattolica] – suivant les traces de l’abbé Piero Cantoni (55) – objecte en substance à tout sédévacantisme l’indéfectibilité de l’Eglise: “Etait et reste en jeu la visibilité de l’Eglise et sa continuité dans le temps (indéfectibilité), éléments constitutifs et indispensables à l’existence même de l’Eglise catholique” (p. 9). Avant d’examiner les objections individuellement, il est nécessaire de préciser la notion d’indéfectibilité de l’Eglise, d’abord en elle-même, puis dans la situation actuelle de l’Eglise.
55) La Tradizione cattolica écrit: « En effet ce passage [Matth. 28, 20] a bien embarrassé le Père Guérard des Lauriers et embarrasse encore ceux qui en suivent la Thèse. La réponse du Père Guérard a été plutôt déconcertante… une exégèse hallucinante » (p. 24). L’abbé Cantoni écrivait: « Il est évident que Matthieu XXVIII, 20 présente une grave difficulté pour la thèse en question. Ceci est confirmé par l’exégèse que le Père Guérard se voit contraint de tenter, malgré ses hésitations ». Le Père Guérard a rappelé avec opportunité que « la thèse de Cassiciacum n’est certes pas fondée sur le verset dont l’exégèse est discutée » (Cahiers de Cassiciacum n° 6, mai 1981, p. 112). Il a ensuite rappelé à l’abbé Cantoni: « En réalité, si l’état de crise dans lequel se trouve l’Eglise entraîne que Matthieu XXVIII, 20 “présente – comme l’observe M. l’Abbé Cantoni – une grave difficulté”, cette grave difficulté ne concerne pas seulement la thèse de Cassiciacum ; car elle est incomparablement plus grave si on tient l’attitude non cohérente de la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre. S’il est en effet très louable de prendre en considération ce qui doit arriver à la fin du monde, il est beaucoup plus urgent d’examiner comment le verset en question s’applique à ce qui se passe maintenant. M. l’Abbé Cantoni qui soutient inconditionnellement l’exégèse E1*, se doit d’expliquer comment son propre comportement maintenant est compatible avec cette exégèse. Quiconque en effet désobéit à l’“autorité” maintenant alors qu’il professe de la reconnaître comme étant l’Autorité, affirme en acte, ipso facto, que le Christ n’est pas avec l’“Autorité” maintenant comme il l’était au temps de Pie XII, ou de Pie XI, ou d’“avant”. La différence, allant jusqu’à l’opposition, entre les deux comportements pratiques, l’un de maintenant, l’autre d’avant à l’égard de l’Autorité, SUPPOSÉE ÊTRE TOUJOURS LA MÊME, comme l’affirment M. l’Abbé Cantoni et tout “Ecône”, cette différence exige d’assigner une autre différence allant jusqu’à l’opposition entre les deux rapports que la censément même Autorité soutient avec le Christ, savoir : le rapport de “maintenant” et le rapport d’“avant’’. Que M. l’Abbé Cantoni veuille bien assigner quelle est cette différence. Tant qu’il s’en abstient, cette abstention constitue, pour la pseudo-doctrine qui est sous-jacente au comportement d’Ecône, “une grave [et même gravissime] difficulté” ; au point que M. l’Abbé Cantoni se détruit lui-même par lui-même : par l’exégèse E1* qu’il soutient, il condamne sa propre et pseudo-doctrine comme étant erronée » (p. 112). Mai 1981… deux mois plus tard l’abbé Cantoni donnait paradoxalement raison au Père Guérard des Lauriers en abandonnant la Fraternité Saint-Pie X pour se faire incardiner dans le diocèse de Massa: nouvelle messe, communion dans la main, concile Vatican II, etc. A l’autre “Abbé” qui, comme l’Abbé Cantoni à l’époque, brandit « contre les “autres” Matthieu XXVIII, 20 » alors qu’il foule aux pieds « dans les faits ce qu’il proclame à haute voix » [Jean-Paul II est Pape] nous demandons la cohérence et l’honnêteté dont fit preuve l’abbé Cantoni en 1981 (entre nous, aujourd’hui il serait beaucoup mieux traité que ne le fut à l’époque l’abbé Piero…!). Le Cardinal Dario Castrillon Hoyos vous attend à bras ouverts, pour vous appliquer, au moment opportun, la “Cure-Bisig”.
* : « l’exégèse habituelle ». (R.P. Guérard des Lauriers, Cahiers de Cassiciacum n° 6, mai 1981, p. 104. – Précisions de JP B.)


L’indéfectibilité de l’Eglise

Voici comment l’Enciclopedia Cattolica définit l’indéfectibilité: « propriété surnaturelle de la véritable Eglise, par laquelle elle demeurera, jusqu’à la fin du monde, telle que Jésus-Christ l’a instituée. Ce concept inclut: a) la durée perpétuelle ou pérennité de l’Eglise; b) la persévérance de cette même Eglise en ce qui constitue son essence, c’est-à-dire dans sa constitution et dans ses propriétés spécifiques. Il s’ensuit qu’à cause de l’indéfectibilité l’Eglise demeurera toujours identique à elle-même, et ne perdra aucune de ses notes. Entendue ainsi, l’indéfectibilité renferme toutes les autres propriétés de l’Eglise: constitution hiérarchique et monarchique, infaillibilité, visibilité » (56).
56) Cette citation nous montre que La Tradizione cattolica présente de l’indéfectibilité un concept incomplet, limité à la simple « continuité dans le temps» de l’Eglise hiérarchique et visible. Une Eglise qui se limite à durer dans le temps dans sa structure hiérarchique, mais qui altère substantiellement la doctrine révélée (comme par exemple l’église byzantine) n’est pas la véritable Eglise du Christ, et n’est pas indéfectible.

L’article poursuit ainsi: « que l’Eglise soit indéfectible est vérité de foi catholique, clairement contenue dans la Sainte Ecriture [l’article cite Matth. XVI, 18; Matth. XXVIII, 20; Jn XIV, 16] et enseignée par le magistère ordinaire. Elle n’a pas été encore directement définie par le magistère solennel, mais le Concile du Vatican [I] avait préparé un schéma de définition dans les canons suivants [le premier contre les “pessimistes”, pour lesquels l’Eglise se serait corrompue; le second contre les “optimistes”, pour lesquels à l’Eglise serait substituée une nouvelle, meilleure réalité, n.d.r.]: 1) “Si quis dixerit eamdem Christi Ecclesiam posse offundi tenebris aut infici malis, quibus a salutari fidei morumque veritate aberret, ab originali sua institutione deviet, aut depravata et corrupta tandem desinat esse, anathema sit”; 2) “Si quis dixerit præsentem Dei Ecclesiam non esse ultimam ac supremam consequendæ salutis oeconomiam, sed expectandam esse aliam per novam et pleniorem divini Spiritus effusionem, anathema sit” » (rubrique « indéfectibilité de l’Eglise », vol.VI, colonne1792-1794). Le magistère ordinaire s’est exprimé dans le décret Lamentabili (n° 53) qui condamne cette proposition: « la constitution organique de l’Eglise n’est pas immuable; mais la société chrétienne est soumise, comme la société humaine, à une perpétuelle évolution », (Les doctrines modernes – saint Pie X, Décret Lamentabili, Ed. Nouvelle Aurore, 1976, p. 11), et dans la Bulle Auctorem Fidei qui condamne comme hérétique cette proposition du synode janséniste de Pistoie:
Citation :
Dans ces derniers siècles un obscurcissement général a été répandu sur des vérités de grande importance relatives à la religion et qui sont la base de la foi et de la doctrine morale de Jésus-Christ
(Denz. 1501; Denz.-Sch. 2601: De l’obscurcissement des vérités dans l’Eglise).
[Tant la Fraternité Saint-Pie X que les partisans de Vatican II, soutiennent en un certain sens que la vérité dans l’Eglise se serait obscurcie: pour les uns dans le présent, pour les autres dans le passé] (57).
57) Or, si nous examinons attentivement la doctrine conciliaire et post-conciliaire d’un côté, et de l’autre celle de la Fraternité Saint-Pie X, nous voyons que leurs positions se rapprochent de celles qui furent condamnées à Pistoie: pour les modernistes, c’est l’Eglise du passé qui aurait « obscurci le visage du Christ » (les fils de l’Eglise, parmi lesquels des Saints « qui ont défiguré son visage, et l’ont empêchée de refléter pleinement l’image de son Seigneur Crucifié » Jean-Paul II, Troisième Millénaire, n° 35, cf. Sodalitium 39, p. 56) raison pour laquelle Jean-Paul II se voit contraint de demander pardon pour les manquements de cette Eglise; pour les lefebvristes c’est l’Eglise d’aujourd’hui (représentée par Paul VI et Jean-Paul II, et par les évêques en communion avec eux) qui auraient trahi la Tradition.
Comme nous pouvons déduire de ce qui vient d’être dit, c’est la fausseté du modernisme et la fausseté du lefebvrisme que démontre l’indéfectibilité de l’Eglise, et certes pas la fausseté du sédévacantisme, du moins dans la position de la Thèse de Cassiciacum (voir la note 1 sur sédévacantisme strict et indéfectibilité), comme il sera mieux démontré dans mes réponses aux objections.

1) La Tradizione Cattolica (par ex. à la p. 10) pour démontrer l’opposition absolue entre le sédévacantisme strict et la Thèse de Cassiciacum, cite volontiers mes articles contre le sédévacantisme strict, là où j’écris par exemple: « les sédévacantistes stricts se ferment à toute réponse cohérente avec la foi ou avec le bon sens à propos de l’indéfectibilité de l’Eglise (« L’abbé Paladino et la Thèse de Cassiciacum – Réponse au livre Petrus es tu?, Verrua Savoia 2002, p. 24). Je ne renie pas ce que j’ai affirmé ici. Mais je dois cependant ajouter que cette contradiction avec l’indéfectibilité de l’Eglise se manifeste surtout (et toujours plus) dans la polémique contre la Thèse, comme je l’écrivais d’ailleurs dans la phrase citée et tronquée (sans que cela soit signalé au lecteur) par la TC. Nous voyons par contre dans les écrits d’un pionnier du sédévacantisme comme le Père Saenz une position bien plus voisine de la Thèse (cf. la note 19 de cet article). De même L’Union pour la Fidélité (société dirigée de 1980 à 1987 par le Père Barbara et strictement sédévacantiste) exposait de façon acceptable le problème de l’indéfectibilité et de l’apostolicité en admettant qu’existent encore « des évêques réellement catholiques, quoique défaillants dans l’exercice de la confession de la foi, et apparemment intégrés dans cette nouvelle église [de Vatican II] » (Union pour la fidélité, La situation actuelle de l’Eglise et le devoir des catholiques, Ed. Forts dans la Foi, Tours 1981, p. 149 et, en général pp. 131-150). Naturellement cette position pleinement sédévacantiste pour ce qui regarde le “pape”, mais qui admettait en certains évêques ce qu’elle refusait à Jean-Paul II, allait involontairement dans le sens de la Thèse officiellement abhorrée, comme il était souligné ironiquement dans les Cahiers de Cassiciacum (n° 6, mai 1981, pp. 123-124: Dernière heure: Le R.P. Barbara a [enfin] compris). Même l’abbé Grossin, grand ennemi de la Thèse, a dû contre son gré en admettre des principes fondamentaux comme il ressortira d’un autre article de ce même numéro de Sodalitium.


L’Eglise est dotée d’une hiérarchie unique mais selon deux raisons distinctes: d’ordre et de juridiction (
can. 108 §3**). L’Eglise étant perpétuelle et indéfectible (DS 2997: « toujours ferme et immuable (…) jusqu’à la fin des siècles »), ainsi en sera-il en elle du pouvoir d’ordre (finalisé à la sanctification des âmes) et de celui de juridiction (qui inclut la potestas regiminis – le gouvernement de l’Eglise – et la potestas magisterii qui assure l’enseignement infaillible de la vérité révélée).
**: (Lien donné par J B.)

La pérennité de l’Eglise (gouvernement et magistère) est fondée sur la primauté romaine (T. ZAPELENA S.J., De Ecclesia Cristi, pars apologetica, Roma, Università Gregoriana, 1955, p. 317: «Ecclesia in textu evangelico exhibetur et prædicatur perpetua propter primatum». ), laquelle est elle aussi perpétuelle:

« L’éternel pasteur et gardien de nos âmes, pour perpétuer l’œuvre de la Rédemption, a décidé de fonder la sainte Eglise (…). Pour que l’épiscopat fût un et non divisé, et pour que la multitude entière des croyants fût gardée dans l’unité de la foi et de la communion (…) plaçant saint Pierre au-dessus des autres Apôtres, il établit en sa personne le principe perpétuel et le fondement visible de cette double unité. (…) Parce que les portes de l’enfer en vue de renverser, s’il se pouvait, l’Eglise, se dressent de toutes parts avec une haine de jour en jour croissante contre ce fondement établi par Dieu, (…) Nous jugeons nécessaire (…) de proposer à tous les fidèles (…) la doctrine qu’ils doivent croire et tenir (…) concernant l’institution, le caractère perpétuel et la nature de la primauté du Siège apostolique, sur lequel reposent sa force et la solidité de toute l’Eglise » (Vatican I, Pastor Æternus, D 1821, DS 3050-3052).
(Souligné en gras dans Sodalitium. – Précision de JPB.)

« …Si donc quelqu’un dit que ce n’est pas par l’institution du Christ ou de droit divin que le bienheureux Pierre a et pour toujours des successeurs dans sa primauté sur l’Eglise universelle (…) qu’il soit anathème » (ibidem, chap. 2, canon, DS 3058, cf. aussi DS 3056-3057, Foi catholique n° 470, cf. 469-471).
(Idem.)

Si la Primauté de Pierre est perpétuelle et indéfectible, son magistère infaillible l’est également:

« Ce charisme de vérité et de foi à jamais indéfectible a été accordé par Dieu à Pierre et à ses successeurs en cette chaire, afin qu’ils remplissent leur haute charge pour le salut de tous, afin que le troupeau universel du Christ, écarté des nourritures empoisonnées de l’erreur, soit nourri de l’aliment de la doctrine céleste, afin que, toute occasion de schisme étant supprimée, l’Eglise soit conservée toute entière dans l’unité et, qu’établie sur son fondement, elle tienne ferme contre les portes de l’enfer » (ibidem, DS 3071, Foi cath. n° 482).
(Id.)

Cette doctrine, tous les membres de l’Institut Mater Boni Consilii et tous ceux qui suivent la Thèse dite de Cassiciacum y croient et l’embrassent pleinement.



“Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ? Mgr_le10
5 mai 1988: Mgr Lefebvre signe le “Protocole d’accord”.
Derrière lui, les abbés Laroche et Tissier de Mallerais,
négociateurs pour la FSPX

L’indéfectibilité dans la situation actuelle de l’Eglise. La position des “traditionalistes” en général et de la Fraternité Saint-Pie X en particulier sur le pouvoir de juridiction et de magistère dans la situation actuelle

Nous avons vu que l’Eglise est indéfectible: non seulement elle ne peut disparaître mais elle ne peut pas non plus manquer à sa mission. L’indéfectibilité en effet lui a été accordée non seulement pour durer matériellement de fait (comme il peut se faire aussi pour une fausse religion, pour une secte hérétique, pour une structure purement humaine) mais « afin d’appliquer à toutes les générations humaines les fruits de sa Rédemption » (DS 2997), « afin de perpétuer l’œuvre salutaire de la Rédemption » (DS3050, .C. n° 466). Elle ne peut donc (puisque divinement assistée) donner à ses fils du venin (Vatican I, DS 3070-3071) ni pour ce qui regarde le pouvoir de sanctifier les âmes par le moyen des sacrements, ni pour ce qui regarde le gouvernement de l’Eglise et son enseignement.

Or, à ce propos il se présente une grave difficulté à tous lesdits “traditionalistes”. En effet, ils ne se limitent pas à condamner des abus: « La critique des “traditionalistes” ne vise donc pas principalement des abus commis par des membres de l’Eglise enseignée [prêtres, fidèles]; ni non plus des déviations de parties plus ou moins étendues de l’Episcopat. Elle concerne d’abord et essentiellement des erreurs et déviations contenues dans le concile lui-même, puis dans les réformes officielles qui ont suivi (notamment en matière de liturgie et de sacrements), ainsi que dans les textes de Paul VI et de Jean-Paul II [aujourd’hui, Benoît XVI – précision de JP B] qui se donnent pour tâche d’appliquer le concile. Nous avons montré ailleurs (Cahiers de Cassiciacum n° 5, pp. 61-72) que les principales tendances habituellement groupées sous l’étiquette “traditionalistes” formulent effectivement cette critique. La signature donnée par Mgr de Castro Mayer à la “Lettre à quelques Evêques…” puis le texte signé conjointement par Mgr Lefebvre et par Mgr de Castro Mayer (Fideliter n° 36, nov.-déc. 1983) viennent confirmer que c’est bien là le centre du combat “traditionaliste” » (59). S’il en est ainsi, quelle est la “grave difficulté” dont je parlais? Redonnons la parole à l’abbé Lucien: « Si (…) on affirme que cette “hiérarchie” est formellement la Hiérarchie catholique ***, on tombe dans la seconde des “grandes et pernicieuses erreurs” dénoncées par Léon XIII sur ce sujet [c’est-à-dire sur l’indéfectibilité]: “il s’ensuit que ceux-là sont dans une grande et pernicieuse erreurs qui, façonnant l’Eglise au gré de leur fantaisie, se l’imaginent comme cachée et nullement visible; et ceux-là aussi qui la regardent comme une institution humaine, munie d’une organisation, d’une discipline, de rites extérieurs, mais sans aucune communication permanente des dons de la grâce divine, sans rien qui atteste, par une manifestation quotidienne et évidente, la vie surnaturelle puisée en Dieu” (Satis cognitum, Ens. P., L’Eglise, n° 543) » (60). Or, quelle est la position de la Fraternité Saint-Pie X sur Vatican II, l’enseignement post-conciliaire et la hiérarchie actuelle? (61). Pour ce qui est du pouvoir de magistère, la Fraternité Saint-Pie X refuse l’enseignement du Concile et des Papes conciliaires, et la TC va même jusqu’à supposer probable l’inexistence de ce magistère en tant que tel (62). Pour ce qui est du pouvoir de juridiction, la Fraternité Saint-Pie X refuse l’obéissance aux autorités déclarées légitimes. Pour ce qui est du pouvoir législatif, la Fraternité refuse le nouveau Code de droit canon. Pour ce qui est du pouvoir de sanctification, la Fraternité Saint-Pie X refuse tous les sacrements administrés avec les nouveaux rites, et elle invite ses propres fidèles à s’abstenir de ces célébrations.
59) B. L
UCIEN, La situation actuelle de l’autorité dans l’Eglise, Bruxelles 1985, pp. 7-8.
*** : (Souligné d’un trait et en gras par JP B.)
60) B. L
UCIEN, op. cit., p. 117.
61) Du moins jusqu’à maintenant. En effet, au cas où il y aurait un accord avec Jean-Paul II [aujourd’hui, Benoît XVI – précision de JP B] semblable à celui souscrit par les Evêques Rangel et Rifan de l’Administration Apostolique Saint Jean-Marie Vianney de Campos (Brésil), on peut facilement prévoir que même la position de la Fraternité Saint-Pie X sur le Concile et sur la Messe (comme celle des brésiliens et de ceux qui sont sous la Commission Ecclesia Dei), changera essentiellement.
62) Aux pages 24-25. Dire que depuis le Concile Vatican II la “hiérarchie catholique” n’enseigne plus rassure le lecteur; il ne s’agirait pas de refuser un enseignement, mais de constater son inexistence, tout en proclamant à haute voix que la hiérarchie demeure avec tous les charismes (inutilisés) d’infaillibilité. En fait la situation est bien différente: Jean-Paul II et les évêques en communion avec lui enseignent quasi quotidiennement, mais leur enseignement est refusé par les “traditionalistes”.

Il s’ensuit que la reconnaissance de Jean-Paul [II]**** est plus nominale que réelle; est admise l’existence d’une hiérarchie, d’un magistère, d’une juridiction: mais cette hiérarchie, ce magistère, cette juridiction, ces rites externes sont déclarés « sans aucune communication permanente des dons de la grâce divine, sans rien qui atteste, par une manifestation quotidienne et évidente, la vie surnaturelle puisée en Dieu ». Ni le magistère conciliaire, ni la discipline actuelle, ni la liturgie rénovée de la messe et des sacrements ne sont considérés comme venant de Dieu…
****: (Précision de JP B.)

La TC devrait donc comprendre que nous n’entendons pas tant défendre les opinions personnelles du Père Guérard contre Mgr Lefebvre ou la Fraternité. Notre intention est tout autre. Sodalitium approuve la critique faite par Mgr Lefebvre (et autres) de Vatican II, et cherche justement à démontrer que cette critique n’implique pas une attaque de l’indéfectibilité et de la pérennité de l’Eglise, qui est un article de notre foi, comme par contre le pourrait faire croire la position de la TC. En défendant la Thèse de Cassiciacum nous sommes convaincus de défendre également l’essentiel de la position de Mgr Lefebvre, c’est-à-dire le refus de Vatican II et de la nouvelle Messe au nom de l’orthodoxie catholique, car la meilleure solution que puisse donner la théologie au problème de l’indéfectibilité de l’Eglise après Vatican II nous semble être la Thèse.


(Don Francesco RICOSSA, Sodalitium N° 55, pp. 48-50.)


Suite
 : La Thèse de Cassiciacum implique-t-elle vraiment la fin de l’Eglise enseignante (...) et la fin du pouvoir de juridiction (...)?

(Le présent fil est provisoirement verrouillé jusqu’à la fin de cette publication. Merci de votre compréhension.)
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MessageSujet: Re: “Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ?   “Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ? EmptyMar 31 Juil - 11:21


[Suite de la « Réponse au numéro spécial de La Tradizione cattolica sur le sédévacantisme », de Don Francesco RICOSSA, parue dans le N° 55 de Sodalitium (cliquer sur « Télécharger le Fichier » puis “Ouvrir”) de novembre 2003, en pages 50 à 52 (notes en p. 70)] :

La Thèse de Cassiciacum implique-t-elle vraiment la fin de l’Eglise enseignante (pp. 23-26) et la fin du pouvoir de juridiction (pp. 26-27) ?

C’est ce que soutient le dossier [de La Tradizione cattolica](a), aux pages citées, reprenant, en cela aussi, ce qu’écrivait l’abbé Cantoni en son temps (63).
(a) : Précision de JP B.
63) « La conclusion qu’on voudrait nous imposer ne peut pas coexister avec l’indéfectibilité de l’Eglise. En effet l’absence d’autorité dont on parle ici est telle qu’elle comporte une suspension, pendant un certain temps, des pouvoirs de juridiction et magistère dans l’Eglise. Pendant un certain temps l’Eglise ne serait plus régie selon la forme prévue par le Christ, c’est-à-dire l’Eglise aurait perdu un de ses constitutifs essentiels, donc elle aurait - tout simplement – cessé d’être » (A
BBÉ PIERO CANTONI, Réflexions à propos d’une thèse récente sur la situation actuelle de l’Eglise, pro manuscripto, mai-juin 1980, p. 9).

Notre réponse se trouve déjà implicitement dans cet article, au chapitre dédié à l’indéfectibilité de l’Eglise [message précédent](a) ; nous allons tâcher de la rendre explicite.

L’Eglise que nous croyons indéfectible est l’Eglise fondée par le Christ, par conséquent une Eglise essentiellement hiérarchique. Dans l’Eglise il n’y a par institution divine qu’une seule hiérarchie, qui se distingue quant à l’ordre et quant à la juridiction. La hiérarchie, eu égard à l’ordre, comporte Evêques, prêtres et ministres ; eu égard à la juridiction elle comporte le Pontificat suprême et l’épiscopat subordonné (cf. can. 108 – lien donné par JP B). L’Eglise sera donc perpétuelle dans son pouvoir d’ordre comme dans son pouvoir de juridiction et de magistère, mais aliter et aliter, c’est-à-dire de façon différente.

Pour ce qui regarde la pérennité du pouvoir d’ordre, la situation actuelle de l’Eglise ne pose pas de graves difficultés : la divine Providence a fait en sorte que l’offrande du Sacrifice divin et l’administration des sacrements ne cessent pas, même dans l’Eglise de rit latin, malgré la tentative d’abolition réalisée avec la réforme liturgique de Vatican II. Les consécrations épiscopales ont assuré la transmission dans l’Eglise de l’épiscopat pour ce qui regarde le pouvoir d’ordre, et la pérennité du sacerdoce pour la gloire de Dieu et le salut des âmes (64).
64) « Si on considère l’Eglise comme Corps Mystique, Jésus demeure aujourd’hui avec elle en maintenant vivant le Témoignage de la Foi et la sanctification par les Sacrements authentiques, ainsi que l’Oblation du véritable Sacrifice. C’est ce que prouve l’existence de ceux que l’on nomme “traditionalistes” » (B. L
UCIEN, La situation actuelle de l’autorité dans l’Eglise, Bruxelles 1985, p. 102). Mgr Guérard fait remarquer que Matth. XXVIII, 20 « concerne expressément la mission intimée aux Onze à égalité », comme cela est propre au pouvoir d’ordre, dans lequel tous les Evêques ont les mêmes pouvoirs que l’Evêque de Rome (cf. Consacrer des évêques ? Supplément à Sous la bannière, n° 3, janvier-février 1986, pp. 2 et 6) : en effet, dans ce verset, l’assistance est promise à tous les apôtres, et pas seulement à Pierre.

C’est pour le pouvoir de gouverner l’Eglise et d’enseigner avec autorité, ce qui dépend du pouvoir de juridiction au sommet duquel il y a Pierre, que se trouve la difficulté. Si nous admettons en effet que le Siège est vacant, où est l’Eglise enseignante, se demande la TC ? Où est l’Eglise hiérarchique ?

Ce que répondent en général les sédévacantistes c’est qu’à chaque mort d’un Pape et avant qu’un successeur soit validement élu, sans que rien ne spécifie la durée de ce laps de temps, l’Eglise est privée de Pape, privée donc d’un chef visible (elle est acéphale, elle est veuve de son pasteur) : et pourtant elle ne cesse pas d’exister, et la promesse de perpétuité de l’Eglise comme de sa primauté n’en est pas rendue vaine pour cela.

La TC n’accepte pas cette explication : « même dans les périodes ordinaires de siège vacant – est-il écrit à propos du pouvoir de magistère – c’est-à-dire entre la mort d’un pape et l’élection de son successeur, ce corps demeure – dans l’épiscopat – en tant que corps enseignant (…) il serait en effet monstrueux de penser que l’Eglise enseignante meure avec le pape pour ressusciter ensuite le jour de l’élection du nouveau pontife » (p. 23) ; « cette autorité – est-il écrit pareillement à propos de la juridiction – communiquée à l’Eglise est absolument perpétuelle: elle a été, est, et sera présente tous les jours jusqu’à la fin des temps (inclus les moments compris entre la mort d’un pape et l’élection de son successeur, moments pendant lesquels elle continue à subsister dans l’épiscopat) (…) » (p. 26).

Le lecteur s’en rend bien compte, la TC ne fait que déplacer le problème de la pérennité et de l’indéfectibilité de la primauté papale à celle de l’épiscopat hiérarchique : la réponse sédévacantiste qui se fonde sur la possibilité de la vacance du siège apostolique est considérée comme vaine parce que, outre le Pape, viendraient aussi à manquer les évêques dans leur tâche d’enseigner et de gouverner. L’abbé Cantoni disait : ce n’est plus le problème du “Pape hérétique” [admis et étudié par tous les théologiens], mais celui de l’“Eglise hérétique” [Pape et évêques ensembles] !

Sans doute, les évêques résidentiels font partie de l’Eglise hiérarchique et de l’Eglise enseignante. Sans doute, l’épiscopat aussi, en tant que d’institution divine, est perpétuel dans l’Eglise. Non seulement je l’admets, mais je le professe publiquement. (Souligné d’un trait et en gras par JP B.)

Mais la TC ne prend pas suffisamment en considération le fait que l’épiscopat est fondé sur la primauté, et la pérennité de l’épiscopat sur celle de la primauté (Vatican I, D 1821, DS 3051-3052) ; nous l’avons vu précédemment(b). Il me semble que de cette vérité découlent de nombreuses conséquences.
(b) : « L’éternel pasteur et gardien de nos âmes, pour perpétuer l’œuvre de la Rédemption, a décidé de fonder la sainte Eglise (…). Pour que l’épiscopat fût un et non divisé, et pour que la multitude entière des croyants fût gardée dans l’unité de la foi et de la communion (…) plaçant saint Pierre au-dessus des autres Apôtres, il établit en sa personne le principe perpétuel et le fondement visible de cette double unité. (…) Parce que les portes de l’enfer en vue de renverser, s’il se pouvait, l’Eglise, se dressent de toutes parts avec une haine de jour en jour croissante contre ce fondement établi par Dieu, (…) Nous jugeons nécessaire (…) de proposer à tous les fidèles (…) la doctrine qu’ils doivent croire et tenir (…) concernant l’institution, le caractère perpétuel et la nature de la primauté du Siège apostolique, sur lequel reposent sa force et la solidité de toute l’Eglise » (Vatican I, Pastor Æternus, D 1821, DS 3050-3052).
(Souligné en gras dans Sodalitium. – Précision de JP B qui fait ce rappel par cette note.)

D’abord, si la pérennité de la succession de la primauté n’est que moralement ininterrompue, on devra dire la même chose de celle de l’épiscopat. Or, pour la primauté une continuité morale est suffisante, continuité morale qui peut être interrompue par une plus ou moins longue vacance du siège : voici ce qu’écrit à ce sujet le Père Zapelena s.j., de l’Université Grégorienne, lorsqu’il parle de la pérennité de la primauté de Pierre (révélée par le Christ, Matth. XVI, 18[c], et définie par l’Eglise, D. 1825) : « Il s’agit d’une succession qui doit durer continuellement jusqu’à la fin des siècles. Il suffit, évidemment, d’une continuité morale [d], qui n’est pas interrompue durant le temps pendant lequel est élu le nouveau successeur [le siège vacant] » (65). Si cela est vrai du chef, ce sera également vrai du corps épiscopal.
[c] : « [...] tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo ecclesiam meam, [...] » (Précision de JP B qui fait ce rappel par cette note.)
[d] : Souligné dans Sodalitium. (Précision de JP B.)

65) Z
APELENA, op. cit., pp. 315-316.


Cette conclusion est confirmée par la considération des tâches de l’Evêque résidentiel qui, pour la TC sont ininterrompues et perpétuelles à chaque instant du temps dans lequel vit l’Eglise : la juridiction et le magistère. Or, si la juridiction et le magistère du Pape peuvent, durant la vacance du siège, ne pas exister en acte, il pourra, à plus forte raison, en être de même pour la juridiction et le magistère épiscopal. En effet, l’évêque ne gouverne qu’une portion particulière de l’Eglise, et non l’Eglise universelle, et c’est du Premier Siège, c’est-à-dire du Pape, source et principe de toute juridiction ecclésiastique que dérive toute sa juridiction. On peut en dire de même, et davantage encore, du magistère. Le magistère épiscopal, et pas seulement celui d’un simple évêque, mais aussi celui de tous les évêques réunis, n’est pas infaillible sans le Pape ; durant la vacance (plus ou moins longue) du siège romain, il n’existe donc pas en acte de magistère infaillible qui puisse guider avec certitude les fidèles (l’Eglise enseignante).

Sans le Pape, l’Eglise – fondée sur Pierre (Matth. XVI, 18) – est réellement acéphale (privée de chef visible), veuve de son pasteur (sans gouvernement), privée de magistère infaillible : il manque en acte, mais non en puissance, l’Eglise hiérarchique telle que le Christ l’a instituée (autrement dit monarchique et non épiscopalienne) (66) ; l’existence de l’épiscopat subordonné ne change pas substantiellement les choses de ce point de vue : l’Eglise – je le rappelle à la TC – n’est pas collégiale mais monarchique, fondée sur la Primauté de Pierre.
66) Z
APELENA écrit aussi : « …l’Eglise, dans le texte évangélique, est montrée et nommée perpétuelle à cause de la primauté. Par conséquent la primauté elle-même doit être perpétuelle. Il faut noter qu’avec cet argument ce n’est pas tant la nécessité d’une succession en général que l’on démontre, que celle d’une succession dans la forme monarchique. En effet, la primauté de Pierre telle qu’elle fut instituée par le Christ implique un pouvoir suprême de juridiction auquel est soumis tout le corps ecclésial et épiscopal. Or, ce pouvoir serait renversé dans l’hypothèse d’une succession collégiale. En effet Pierre, au moyen de la primauté, est constitué principe d’unité et de fermeté tant du corps ecclésiastique que du corps épiscopal (…) Denz. 1821 » op. cit., pp. 317-318.

En quoi alors l’absence totale d’évêques résidentiels ou de cardinaux pourrait-elle compromettre l’existence de l’Eglise dans sa durée indéfectible ? Seulement en ce qu’elle pourrait rendre impossible l’élection du successeur au siège de Pierre [e]. « Durant la vacance du siège primatial – poursuit Zapelena dans le passage précédemment cité – il demeure dans l’Eglise le droit et le devoir (en même temps que la promesse divine [e – f]) d’élire quelqu’un qui succède de façon légitime au Pape défunt dans les droits de la primauté. Durant tout ce temps la constitution ecclésiastique ne change pas en ce sens que le pouvoir suprême n’est pas dévolu au collège des évêques ou des cardinaux, mais la loi divine concernant l’élection du successeur demeure [e – f] ». Où se trouve donc l’Eglise hiérarchique, l’Eglise enseignante, comme l’a voulue le Christ, c’est-à-dire fondée sur la primauté de Pierre, durant la vacance du Siège apostolique ? L’axiome ubi Petrus ibi Ecclesia est toujours valide. Là où est Pierre, là est l’Eglise. Durant le siège vacant, « la Papauté, sans le Pape, se trouve dans l’Eglise seulement en une puissance ministériellement élective [e], car elle [l’Eglise] peut, durant la vacance du Siège, élire le Pape par l’intermédiaire des cardinaux ou, en une circonstance (accidentelle), par elle-même » (Cajetan, De comparatione auctoritate Papæ et Concilii, n° 210) (67). Durant la vacance du siège, ce n’est pas tant le magistère faillible des évêques ou le gouvernement réduit et local des évêques qui maintient l’Eglise du Christ : c’est le fait qu’Elle ait cette puissance élective du nouveau Pape [e], comme le rappelle l’abbé Lucien citant P. Goupil et Antoine (68).
[e] : Souligné d’un trait et en gras par JP B.
[f] : Matth. XVI, 18-19 et XXVIII, 20 in fine. (Précisions de JP B.)

67) Pour toutes les références, cf. Sodalitium n° 54, p.12. (Voir au milieu du premier message en tête du présent fil. – Précision de JP B.)
68) L
UCIEN, op. cit., pp. 102-103 et n° 132.


Or, la Thèse de Cassiciacum soutient justement que, dans la vacance très particulière du siège apostolique que nous vivons, reste toujours possible la provision de ce même siège et le fait d’avoir de nouveau un Pape légitime, soit parce que l’occupant actuel du siège apostolique pourrait retrouver sa pleine légitimité (comme l’écrivait, bien avant le Père Guérard – en 1543 ! – le Cardinal Jérôme Albani) (69), soit parce que les évêques ou cardinaux même materialiter peuvent ou bien procéder à une élection papale valide et juridiquement légitime grâce à la succession matérielle sur les sièges (70), ou bien encore, ayant recouvré leur autorité, procéder à la constatation de l’hérésie formelle de Jean-Paul II [aujourd’hui, Benoît XVI – précision de JP B] et à l’élection d’un successeur. Le sédévacantisme, du moins dans la Thèse de Cassiciacum (71), n’implique donc pas la négation de l’indéfectibilité de l’Eglise [e], puisqu’il admet l’existence de la papauté « dans la puissance ministériellement élective de l’Eglise ».

69) Dans son Tractatus de Papa (Lecoffre, Paris-Lyon, tome I, 1869, pp. 546-550) le canoniste jésuite Marie-Dominique Bouix (1808-1870) cite abondamment le De potestate Papæ et Concilii du Cardinal Jérôme Albani (1504-1591) créé Cardinal de Saint-Jean à la Porte Latine par Saint Pie V en 1570, et résume ainsi la thèse d’Albani en question : « Papa factus hæreticus, si resipiscat ante sententiam declaratoriam, jus Pontificium ipso facto recuperat, absque nova Cardinalium electione aliave solemnitate » (“Le Pape hérétique, s’il se ravise avant la sentence déclaratoire, récupère par le fait même le Pontificat, sans nouvelle élection par des Cardinaux ou une quelque autre solennité juridique”). C’est Mgr Sanborn qui m’a signalé ce texte et je l’en remercie.

70) La possibilité de l’existence de ces électeurs et de la permanence matérielle des sièges a été amplement illustrée par L
UCIEN (op. cit., chap. X) et SANBORN (De papatu materiali, sectio secunda, nn° 15-16 – lien donné par JP B).

71) Peut-on dire la même chose pour le sédévacantisme simpliciter ? Qu’on relise à ce propos la note 1 de cet article. (Note 1 : voir message précédent sous la note 57. – Précision de JP B.)


Le Père Guérard des Lauriers sur une photo de 1973

“Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ? Le_par11


Il ne faut jamais oublier – quand on parle de l’indéfectibilité – que l’Eglise peut exceptionnellement traverser, et elle en traverse une actuellement, des périodes de crise grave. Le cas du Grand Schisme d’Occident en est un exemple

[...]

(Don Francesco RICOSSA, Sodalitium N° 55 de novembre 2003, pp. 50-52 – cliquer sur « Télécharger le Fichier » puis “Ouvrir”.)
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MessageSujet: Re: “Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ?   “Pastor Æternus” c/ sédévacantisme actuel ? EmptyMar 31 Juil - 15:27

Il a été donné, dans la note 70 du message précédent, un renvoi à Mgr SANBORN, De papatu materiali, sectio secunda, avec ce lien vers les sous-titres nn° 15-16.

A ces sous-titres, il était joint dans le document de Mgr SANBORN (De papatu materiali, sectio secunda) la note 7 suivante
Citation :

(7) : Dans ce n° 15 de son étude, comme dans le n° 16 suivant, l’auteur démontre, avec des arguments directs, comment un “pape” seulement materialiter (et donc privé d’autorité) peut désigner validement les électeurs du Conclave (les cardinaux), les occupants des sièges épiscopaux, et changer les règles de l’élection. Les arguments adoptés par l’abbé Sanborn nous semblent probants, clairs, définitifs, et confortent la position déjà exprimée par le Père Guérard des Lauriers et par l’abbé Bernard Lucien sur la “permanence matérielle de la hiérarchie” (cf. B. L[/size]UCIEN[size=9], La situation actuelle de l’Autorité dans l’Église. La Thèse de Cassiciacum, Documents de Catholicité, 1985, c. X, pp. 97-103). Cependant, si le lecteur n’était pas encore convaincu, on pourrait fournir d’autres preuves, même si elles sont moins profondes, puisqu’indirectes. En effet, si l’on n’admet pas cette possibilité, il faut conclure qu’actuellement l’Eglise hiérarchique est complètement détruite, et qu’il n’existe plus aucune possibilité d’élire un pape dans le futur, ce qui est contraire à l’indéfectibilité de l’Eglise. A supposer donc que le “pape” materialiter ne soit pas de lui-même apte à désigner légalement les électeurs du Conclave et les occupants des sièges épiscopaux, il faudrait admettre alors que cette capacité lui viendrait d’une suppléance de la part du Christ. L’hypothèse d’une suppléance de la part du Christ n’est pas privée de fondement, même chez les auteurs. C.R. Billuart o.p., par exemple, la suppose dans le cas hypothétique du “pape hérétique”. “C’est une sentence commune – écrit Billuart – que le Christ, pour le bien commun et la tranquillité de l’Eglise, avec une spéciale dispense, accorde la juridiction au pape manifestement hérétique, tant qu’il n’a pas été déclaré tel par l’Eglise” (Summa Sancti Thomæ..., t. IX, Tractatus de fide et regulis fidei, obj. 2°) [ici Billuart soutient même une suppléance de l’autorité de juridiction, que l’on ne peut admettre dans notre cas]. Timoteo Zapelena s.j. émet aussi l’hypothèse d’une suppléance de juridiction, bien que limitée, accordée par le Christ pour assurer la continuité de l’Eglise. En examinant le cas du Grand Schisme d’Occident, après avoir expliqué que le pape légitime était le pape romain, le théologien jésuite prend en considération ce qui serait arrivé si les trois “papes” du Grand Schisme avaient été “douteux” et, par conséquent, “nuls”. Les cardinaux et les évêques désignés par eux n’auraient-ils pas tous été invalides ? Selon Zapelena, dans cette hypothèse, “on devrait admettre une suppléance de la juridiction (fondée sur le titre ‘coloré’), non de la part de l’Eglise, qui n’a pas la suprême autorité, mais de la part du Christ Lui-même, qui aurait accordé la juridiction à chacun des antipapes dans la mesure où c’était nécessaire”, c’est-à-dire seulement dans la désignation de cardinaux (et évêques) aptes à l’élection du pape (De Ecclesia Christi, pars altera apologetico dogmatica, Università Gregoriana, Roma 1954, p. 115). Le cas analysé par Zapelena est très semblable au nôtre. Si Billuart émet l’hypothèse d’une suppléance de juridiction pour un pape manifestement hérétique, et Zapelena émet l’hypothèse même pour un antipape, on ne voit pas pourquoi cette suppléance n’est pas théologiquement possible même pour un “pape” materialiter, avec modération, bien entendu, à ces actes nécessaires pour procurer la continuité de la structure hiérarchique de l’Eglise, qui est postulée par la foi dans les promesses de Notre-Seigneur * (note de Sodalitium).

(Souligné en gras et d'un trait par JP B.)
* : « la continuité de la structure hiérarchique de l’Eglise, qui est postulée par la foi dans les promesses de Notre-Seigneur ». Celles-ci sont contenues dans St Matth. XVI, 18-19 et XXVIII, 20 in fine.
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